Fusil 1853 T car

je vous présente ma nouvelle recrue.
on ne peut pas dire qu'elle soit très courante.





un beau macaron de crosse : S étienne 1856




on retrouve la date de fabrication du canon à peine lisible S1855 sur le pan du canon





la crosse a subi une enture, elle a probablement été brulée au niveau de la poignée.




le nom du fabriquant de la crosse est inscrit sous la poignée 



le canon a été rayé en 1864 à Mutzig comme l'atteste aussi le marquage de crosse  



le marquage du type avec arasement de l'ancien cran de mire 






petite vue de la hausse rajouté sur le canon en remplacement du cran de mire 




le dessous du canon est une encyclopédie  qui dépasse mes connaissances




la baguette est poinçonnée.

Salut Turbine, 

Excellent ! 

Bonne pioche l'ami ! 

Pas vraiment courante cette arme.

À l'origine, ton fusil est un modèle 1853 d'Infanterie. Il était long d'1,475 m.
Presqu'aussitôt après sa fabrication, il a été mis en rayure sur les mêmes bancs de rayage que les fusils de la Garde.
Ton fusil a une rayure à profondeur dégressive de la culasse vers la bouche : de 0,5 à 0,2 mm. Pas des rayures 2 mètres.

On a retiré le cran de mire, on a brasé une hausse à planchette et curseur quasi identique à celle des carabines, sauf qu'elle n'est graduée que jusqu'à 900 m. (1000 et 1100 mètres sur les carabines 53 et 59). On lui a donné une baïonnette pourvue d'un grain d'orge sur la douille. Enfin, on il a reçu une baguette à tête de clou.
Puis il est certainement parti en Crimée chez les Zouaves. On connaît une photo qui le montre nettement.
Ça c'était la transformation T-Car : T pour Transformation Car pour Carabiné.

En 1864, il a été expédié à Mutzig pour être raccourci à 1,41 m, puisque dès 1859, on avait décidé que toute l'Infanterie aurait des armes de la même longueur, à la taille des anciens fusils de voltigeurs.
On remarque que la grenadière n'est pas à mi-chemin entre l'embouchoir et la capucine, preuve du raccourcissement : on a simplement reculé l'embouchoir et son ressort.

Lors de cette transformation de TOUTES NOS ARMES RESTÉES LISSES, on procédait surtout au rayage des canons selon une profondeur uniforme de 0,3 mm. 
Cela concernait les armes des systèmes 1842, 1853 et 1822 T. 
Elles devenaient des modèles 1842 T, 1853 T et 1822 T bis.
Lors de cette transformation, on procédait toujours au remplacement des pièces usées : platines, canons, montures.
Dans le cas des fusils Mle 1853, si on remplaçait leur canon par un canon neuf, l'arme devenait du Modèle 1857.

La mention Mutzig de la crosse et la date M 1864 sont réglementaires lors de cette transformation.
Juste on n'a pas ajouté T au modèle 1853, puisqu'il était déjà rayé et déjà marqué T car.

Sous le canon, Le poinçon E est apposé lors de l'épreuve des canons, règlementairement, un numéro (absent ici) donne le mois de cette épreuve. Ce poinçon E est accompagné du poinçon du Contrôleur chargé des épreuves, ici P*.

Bravo pour cette belle et intéressante pièce, malheureusement complètement passé sous les radars de Marquiset et Boudriot. À noter qu'on connaît aussi des fusils Mle 1842 T car et 1822 T car !

À bientôt !

turbine a écrit:... le dessous du canon est une encyclopédie  qui dépasse mes connaissances ...

Faut pas chercher à comprendre tous les poinçons. Certains correspondent sans doute à l'épreuve ou au contrôle final du canon, mais la plupart sont des contrôles intermédiaires dont la signification n'avait de sens que durant la fabrication et dans la manufacture concernée.

Sans doute les procédures de contrôle furent-elles détaillées dans quelques mémoires d'officiers en fonction dans chaque manufacture, mais ces documents manuscrits, rédigés en 2 ou 3 exemplaires, paraissent avoir en grande partie disparu (ou sont enfouis sous des piles d'archives non triées). Leur valeur historique est inestimable mais c'est très chiant à lire et seul un mécanicien peut en comprendre la portée ; or ceux qui les ont éventuellement en main n'ont aucune compétence en la matière, et n'en saisissent pas l'intérêt...