Devissage vis bloquées sur armes anciennes

Vous savez que chauffer très rapidement la vis coincée et la refroidir brusquement va provoquer un choc thermique qui va faciliter le démontage .

J'avais déjà utilisé un poste à souder pour faire passer à l'aide d'une tige en charbon récupérée sur une grosse pile ronde , quelques dizaines d'ampères qui vont échauffer rapidement la vis par effet joule.

Cette méthode fonctionne , mais il vaut mieux avoir un aide qui mette en route le poste une fois que vous avez correctement positionné le charbon sur la vis .  En outre on a du mal à voir si on atteint la bonne T° car ça fume pas mal, le charbon rougit et on ne sait pas si la vis en dessous est parvenue au rouge ...ou si elle est en train de fondre  

Je vous montre la méthode que j'ai utilisée  , voici l'arme cobaye , un Lefaucheux 12mm dont l'axe de détente coincé a été malmené avec un tournevis mal adapté, si on continue à forcer la fente va s'élargir et ce sera la catha :


J'utilise pour chauffer la vis un chalumeau Hydrogène /oxygène qui génére les deux gaz en faisant une éléctrolyse du bain de soude liquide contenu dans une cuve étanche. Le gaz passe ensuite dans un bulleur  puis alimente le micro chalumeau . Le bulleur est là pour  eviter les retours de flamme dans la cuve . Le mélange Oxygène Hydrogène brûle avec un flamme très chaude , le dard est à plus de 3000°.
Ce genre de chalumeau est utilisé surtout en bijouterie pour faire de la micro soudure : bélières , griffes pour sertir les pierres précieuses , maillons de chaîne en or .
J'en avais essayé un chez un ami bijoutier mais il y a quelques années ils coutaient plus de 2000€ . le mien je l'ai acheté chez Ali il y a un an pour 120€ , mais ils ont un peu augmenté depuis .

https://www.manomano.fr/p/generateur-doxygene-et-dhydrogene-acrylique-flamme-polisseuse-polisseuse-eau-soudeur-33333996



La finesse du dard permet de faire une chauffe très localisée , cela pourrait aussi se faire avec le chalumeau Oxy Acétylénique, mais il faudrait des buses très fines que je ne possède pas et en plus la flamme est un peu moins chaude , la chaleur risquerait  donc de se diffuser dans la carcasse , la vis montant moins vite en T°


La montée en T° ne prend que quelques secondes  :

Si les deux côtés de la vis sont accessibles je chauffe d'abord un côté , la montée en T° est rapide  lorsque le vois la vis rougir sous le dard j'enlève le chalumeau je REFROIDIS avec une giclée d'eau froide , pour faire un choc thermique sur la vis . En même temps cela refroidit le métal autour et évite de trop échauffer le bois dans le voisinage

Après avoir chauffé ( puis refroidi) du côté de la tête de vis , je verse quelques gouttes de dégrippant et je laisse agir environ une heure :


Ave un tournevis de la bonne largeur , aux faces affûtées bien parallèles il devient alors possible de faire tourner  l'axe de détente récalcitrant . Pour éviter de démonter entièrement la détente je glisse un chasse goupille par le côté droit , au fur et à mesure que l'axe sort du côté gauche , le chasse goupille prend ainsi la place de l'axe , le temps de refaire une beauté à la tête de vis  



La chirurgie esthétique de la vis , serrée à l'étau par des mordaches en alu, commence par un léger martelage pour ramener le métal vers la fente de la vis . Après martelage je visse l'axe sur une colonnette montée sur le tour , puis léger ponçage de la vis, polissage et rectification de la fente avec un lime aiguille de  0;7mm d'épaisseur . Pour retrouver la finition d'origine j'ai bronzé la tête ( 4 couches de Bruniperfect)


Puis graissage de l'axe et remontage final ...ce Lefaucheux a conservé son bronzage su canon et du barillet et sur le bâti on voit les traces du jaspage d'origine ...la vis abîmée faisait un peu tâche  



C'est mon vieux 1854 qui est un peu jaloux maintenant  : " T'as des belles vis, tu sais ?"  

Bonjour,

Super ,merci du partage 

Je ne connaissais pas ce type de chalumeau.

David.

Super reportage merci.
Je ne connaissais pas et je sent bien que, maintenant, il va me devenir indispensable d'investir dans ce type de matériel 

Bonjour Jean, 
Bel exposé instructif 

Bravo jean ! 

Procédure intéressante et soignée ; mais de Jean Santos on en attend pas moins...

Le chalumeau à hydrogène ("oxhydrique"), je croyais que ça n'existait plus ! Je n'en avais vu mention que pour l'oxycoupage sous-marin, aux mains de scaphandriers, début XXe (voire fin XIXe).
Ça paraît intéressant par rapport à l'acétylène (pas d'achat de coûteuses bouteilles, ou de location très onéreuse), mais je pense que ce modèle-là est limité en puissance...
- Peut-on souder au cuivre-phosphore des tuyaux cuivre de plomberie ?
- Et la soudure autogène, même en petite taille (du genre rabouter des ressorts, assembler un pontet à partir de bandes de tôle) ? Hydrogène + oxygène, y-a pas de carbone, donc pas de possibilité d'avoir une flamme réductrice (du moins surchargée en carbone) ? Du coup, l'acier se décarburerait très vite ?

J'ai connu un artisan qui avait un chalumeau "air + butane" de bijoutier : bouteille de butane et pour l'air une pompe à pied (genre gonfleur de canoé pneumatique) avec au plafond des ballons de baudruche qui servaient d'accumulateur d'air comprimé.

Comme d'hab

parfait ce chalureau pour les petits trucs , il m'aurait ete tres utile pour rajouter un bout de filetage sur une vis de 3mm....!

Moi c'est commandé!   Merci pour avoir trouvé cet outil.

Je me demande toujours ce que ça donnerait en soudure autogène de l'acier, du point de vue oxydation / protection du bain de métal fondu, et du carbone de l'acier.
Car en dimension un peu plus forte, cela ne pourrait-il pas constituer une alternative intéressante au coûteux oxy-acétylènique ?