Reconstruction d'un mousqueton modèle 1786

Bonjour,

Compte tenu de l'intérêt porté à la restauration de mon 1777, voici la reconstruction d'un mousqueton.


Ayant récupéré chez un amis collectionneur quelques morceaux de mousqueton, je me suis attelé à la reconstruction de ce dernier.

Tous d'abord la recherche de documentation:



  

Découpe à la scie ruban d'une ébauche:




Mise à bois:











Le plus compliqué a été le forage du canal de baguette au travers de la crosse, en effet la baguette va buter sur la plaque de couche.
Je n'ai pas fait de photo de cette opération délicate, car trop concentré a ne pas dévier et perdre tout le travail déjà accompli.

La fabrication de la tringle qui était manquante:

Perçage d'un bout d'acier qui deviendra la semelle de la tringle
 



Traçage de l'ébauche de la semelle: 




La mise en forme:



Soudage de la semelle sur un barre d'acier et cintrage:





Le futur œillet de la tringle:



La mise en forme avant la soudure:




La soudure:





La tringle nettoyée:






Assemblage à blanc: (NB l'embouchoir, le bassinet et la baguette sont des reproduction)






Après un léger ponçage et une couche d'huile de lin:



Reste à finaliser le ponçage et la pose de la détente.
Je posterais les photos dès que j'ai remis la main dessus.

Cordialement
Thierry

Du grand art ..........

Oui, ça demande tout de même une certaine maîtrise...
La vache, il y va fort !

J'en reste sur le c.. derrière ! Un véritable artisan armurier.

superbe 

Quel travail soigné, je suis admiratif !

J' aimerais savoir en faire autant 

C'est de la triche, il a un étau à pied d'armurier! 
Amateur éclairé ou armurier qui se fait plaisir?

Magnifique ... les bras m'en tombent

tu as de l'or dans les doigts !!!!!!!!!!!

franchement bravo pour le travail accompli




moi je dis tu aurais du faire un espèce de reportage vidéo , je ne m'en serais pas lassé  .

bonsoir Monsieur je veux bien faire équipe avec maboul pour te féliciter

Quoi dire, sinon bravissimo

Waow...  pas de mots là... Bravo pour ce superbe boulot...  

tchewal a écrit:... Le plus compliqué a été le forage du canal de baguette au travers de la crosse, en effet la baguette va buter sur la plaque de couche.
Je n'ai pas fait de photo de cette opération délicate, car trop concentré a ne pas dévier et perdre tout le travail déjà accompli.

En général, pour des pièces complexes j'essaie de commencer par l'opération la plus susceptible de foirer, ou de dévier (elle définit alors l'axe pour la suite). Mais pour une crosse complète de ce genre, je n'ai aucune expérience ; quel serait l'ordre optimal d'exécution ?
Le forage de baguette peut dévier, le logement du canon donne facilement des "sardines", le logement de platine est compliqué aussi...

Souvenir mitigé de ma première réalisation, quand j'avais dans les 16 ans : un Kentucky Rifle en kit Macris, censé ne nécessiter qu'un outillage courant. Le canal de baguette était à peine amorcé ! Et l'extérieur était livré semi-fini, donc pas le droit de dévier...

Sinon, l'étau à pied me semble du type ordinaire, non ?
Il y a quelques années, les gens "à la page" les balançaient à la ferraille, pour acheter une cochonnerie en fonte chinoise d'apparence plus moderne, mais de durabilité "légèrement" inférieure...
Je travaille toujours avec l'étau à pied de mon grand-père, étau visible sur une photo prise devant son atelier à l'entrée de la vallée dans les années 30, avant de descendre dans la plaine en 1942, pour revenir avec moi il y a 25 ans, mais cette fois-ci au fond de la vallée... Il aura donc mis presque 70 ans pour se déplacer d'un kilomètre (c'est pas véloce, les étaux).

Verchère a écrit:Sinon, l'étau à pied me semble du type ordinaire, non ?

Je ne sais pas. Pour moi, c'est typique des armuriers, leur permettant de basculer une arme longue comme ils veulent, sans être gênés par l'établi, contrairement à l'étau "classique" (de "mécanicien"?). 
Je vous mets le lien surtout pour la photo :
http://www.saint-nizier-de-fornas.fr/les-armuriers.php
Je pense que les mordaches sont en bois et liège, assez typiques également.

Verchère a écrit: Il aura donc mis presque 70 ans pour se déplacer d'un kilomètre (c'est pas véloce, les étaux).

Surtout à pied.

pour qu'un (bon) étau de mécanicien rende les même services qu'un étau à pied, il suffit de caler la mordache fixe à l'aplomb du bord de l'établi (laisser dépasser la partie mobile hors du plan de travail.)
J'ai toujours entendu qualifier ces étaux à pied d'étau "de forgeron" (pour les modèles les plus lourds), parce que on peut taper dessus sans ébranler tout l'établi, ou "de serrurier" pour les modèles plus "légers".

Félicitation pour le travail de remise en bois!

Magnifique. Est ce un savoir faire appris professionnellement ou acquis par des années de travail personnel à la maison? Mais dans tout les cas, un superbe travail de restauration.

freebird a écrit:... J'ai toujours entendu qualifier ces étaux à pied d'étau "de forgeron" (pour les modèles les plus lourds), parce que on peut taper dessus sans ébranler tout l'établi, ou "de serrurier" pour les modèles plus "légers". ...

Ils sont généralement nommés "étau à frapper", car on peut taper fort sans les casser, vu qu'ils sont en acier.
Tandis que les étaux parallèles furent pendant longtemps en fonte malléable. Les manuels de serrurerie déconseillaient donc de les utiliser pour le travail au marteau, sauf petits ciselages.
Mais un étau "à pied" de taille modeste coûtait environ 3 fois plus cher qu'un parallèle équivalent, en 1913 (difficile d'être plus précis, il y a tant de modèles...)

Les étaux à pied souffrent souvent d'un problème, au niveau de la bride de fixation à l'établi : quand elle permet la rotation (ce qui n'est pas systématique), souvent elle coince, ou au contraire elle ne tient pas bien en position bloquée. Et quand elle ne permet pas la rotation ... c'est embêtant !

Bonsoir,

Merci pour votre intérêt.

Pour l'étau, c'est celui de mon grand-père, il est un peux plus véloce que celui de Verchère puisqu'il a quitté Herstal pour la vallée de l'Ourthe.

verchère a écrit:Il y a quelques années, les gens "à la page" les balançaient à la ferraille, pour acheter une cochonnerie en fonte chinoise d'apparence plus moderne, mais de durabilité "légèrement" inférieure...

Et ce n'est rien de le dire, c'est pour cela que j'ai investi dans un étau de mécanicien d'une célèbre marque Française d'outil, après avoir niquer plusieurs chinoiseries en fonte.
Cependant, j'utilise plus l'étau sur pied que je trouve plus pratique et en plus j'ai l'impression de travailler dans les mêmes conditions que nos anciens! 

Pour le forage du canal de baguette:
Je ne sais pas comment les anciens fessaient, donc j'ai improvisé.
La difficulté c'est que la baguette traverse la crosse de part en part et passe à côté de la détente sous le pontet, si on dévie dans n'importe quel axe, soit on sort de la crosse, soit on se retrouve dans l'axe de la détente ou on se retrouve dans le logement de la platine.
C'est pour ces raisons que j'ai trouvé logique de la forer en dernier, peut-être un coup de bol ?

Cordialement

Thierry

Sur un vieux Cibles ou Gazette, était cité le forage au fer rouge (par Clergeau, Venner, ou consorts...)

J'y ai réfléchi. Avec un bon montage de guidage en translation ça présenterait l'avantage de rester en ligne, la broche et le montage ayant peu de raisons de fléchir car on appuie à peine. Mais il faut prévoir d'innombrables aller-retour, en laissant le chalumeau allumé pour réchauffer la pointe. Et bien sûr faire comme ça une amorce plus petite, à agrandir avec une mèche conventionnelle.
Mais je craindrais que la chaleur n'esquinte rapidement le bois, en profondeur...

Dans ton cas, je crois que ce forage de baguette m'aurait beaucoup inquiété, et que je l'aurais fait en premier, avant même de dégauchir la planche. Pour y coincer ensuite une tige métallique pourvue d'un trou de centre à chaque extrémité, ces trous servant ensuite de référence à toutes les opérations ultérieures.
Tu as pris un sacré risque... Les cheveux, n'ont pas blanchi ?

Comment étaient-elles faites, ces crosses ?
J'ai vu fonctionner une machine à fraiser les sabots, qui en taillait simultanément plusieurs en suivant un gabarit. Mais elle datait de la fin XIXe, alors si je pense que le même principe était utilisé pour les roues en bois et la monture de Lebel, ton mousqueton c'est plutôt fin XVIIIe.
Les mots "mécanisation", "série" et "interchangeable" étaient alors presque des grossièretés...

Bonjour

Je n'y avais pas pensé, il est vrai qu'en prenant le canal de baguette comme référence cela aurait été plus simple, merci Vérchère.

Pour les cheveux gris, il est vrai que ca vire au poivre et sel, j'en ai surement chopé un ou deux de plus!

Cordialement

Thierry

Hello Tchewal

 Tchewal !   super travail de restauration
Beau travail d'ajustage platine/bois parfaite maitrise du ciseau ,bédane , et autres outils pour le bois, bref joli tour de manivelle démontrant ton savoir faire, et ta patience

Le résultat final est stupéfiant   
 pour le partage des opérations avec les photos très explicites