Dressage Canon Savoir faire

Bonjour à tous,

Ce petit sujet pour en savoir d'avantage sur le dressage des canons. J'ai vu sur un reportage un artisan armurier dans les années 70/80 utiliser cette presse pour "dresser" c'est à dire rendre droit un canon, j'imagine plutot pour de la fabrication que de la réparation. Savez vous quelle est la "technique" pour verifier que le canon soit droit ? J'avais trouvé un article sur le sujet, avec une histoire de reflets d'une mire qui doit faire un losange mais je ne parviens pas à trouver quelquechose de technique sur le sujet (hormis le dressage canin! (merci correcteur orthographique google).

Avez vous des informations sur ce sujet ou savez vous le faire ? Il s'agit visiblement d'une expérience très longue à acquérir et d'un savoir faire particulier (plusieurs années avant de maitriser).

Une intéressante vidéo pour commencer :

https://www.facebook.com/WOSpaces/videos/how-do-you-straighten-a-gun-barrel/1837719936336570/

Pour vérifier le bon dressage du canon, il y a une histoire de reflet en mirant une lumière à travers le tube : reflet qui prend une forme différente ("en cierge") selon le défaut d'alignement. Mais en fait, j'ai rien compris aux explications d'époque...

Dans l'industrie pas mal de choses autres que des canons, doivent être dressées ou re-dressées. Il y a donc le matériel nécessaire et quelques ouvriers compétents, ailleurs que chez les fabricants d'armes. Si on veut le faire soi-même une presse à balancier suffit ; voire même deux cales et un gros maillet ; mais si on n'a pas "le coup", on a toutes les chances d'aggraver le défaut (je parle d'expérience, même pas sur des canons mais sur des tubes de serrurerie).

Il faut savoir qu'autrefois, durant la fabrication des canons il n'y avait pas un seul dressage final ; mais plusieurs et même beaucoup, presque après chaque opération d'usinage. Car quand une barre est droite, ça résulte d'un équilibre entre des fibres plus ou moins tendues ; et en enlevant des copeaux on coupe ou supprime certaines fibres, ce qui modifie l'équilibre et la barre peut se fausser toute seule.
Le poste de "dresseur de canons" était le plus délicat et le mieux payé des ouvriers d'une manufacture, aussi cherchait-on toujours à modifier la gamme d'usinage pour réduire le nombre de dressages intermédiaires. Par exemple le canon du Lebel était initialement trempé après forage, mais plus tard on l'a trempé d'abord et foré ensuite : le surcoût en forage étant largement compensé par un gain sur d'autres opérations, y compris les dressages.

Le dressage des canons ne devait pas être une science absolue... Chez Manufrance quand un canon terminé atteignait la perfection, il était mis de coté et réservé à la fabrication des fusils Idéal Prestige ou Idéal d'Art.

 
Quelque part ça me rassure un peu que Verchère écrive "Mais en fait, j'ai rien compris aux explications d'époque..."



Je crois que c'était dans la revue "La Chasse" que j'avais lu que la firme finlandaise Sako employait encore des "Mireurs de Canon" dans les années 1970/80 .....mais pas d'explication théorique explicitant cette pratique  
...Il paraît même que certains petits plaisantins s'étaient amusés à faire passer au mireur un canon qu'il avait déjà examiné ....et qu'il l' avait corrigé "aussi sec..."

Je fais peut-être erreur mais pour moi dresser un canon n est pas le rendre droit mais plutôt le cintrer légèrement pour qu il s ajuste a la bande rive sans tensions excessive.

Cet outil s’appelle un balancier. Il sert à dresser des tubes neufs d’armes neuves ou pour redresser des canons qui ne tirent pas droit.cela se fait avec les ombres et les reflets sans en connaître les détails. Il faut savoir que les canons se “bandent” au tir. C’est à dire qu’ils se plient ( vers le bas pour les juxtaposés) et peut-être servir à réajuster le tir. Les fabricant sérieux l’utilisent pour vérifier et rectifier leurs canons. J’en avais vu en utilisation chez browning pour les canons rayés et on m’avait dit que ce travail ne pouvait être fait que par l’oeil et le savoir faire et ne pouvait pas être fait par une machine.

Can a écrit:Je fais peut-être erreur mais pour moi dresser un canon n est pas le rendre droit mais plutôt le cintrer légèrement pour qu il s ajuste a la bande rive sans tensions excessive.

Tu as raison. Une des beautés du travail de la réalisation des fusils de chasse juxtaposés à bande plongeante était justement de faire des canons légèrement cintrés vers le haut..... mais qui tiraient juste.

C'est un peu la même chose avec les express de qualité (je ne parle pas des productions industrielles)... Le second canon ne met sa balle au but que quand il est déformé par l'allongement du premier, du à l'échauffement




Avant d'obtenir ce résultat à 50 m., il a fallu dessouder et ressouder les canons plusieurs fois et jouer d'une manière infime sur la cale d'écartement chaque fois

Sur un lisse de bonne facture le canon du deuxième coup m'onte aussi un peu pour gratter de l allonge me semble t il donc on est assez loin du tube tout droit

Ce que j en avait retenu c est que le terme dressé n était pas utilisé dans le sens de mettre droit mais lui apprendre à faire ce que l on attend qu il fasse en le courbant.

Merci pour vos retours. Avez vous des détails sur ce qu'il faut voir dedans, quelle forme ? Etc

Cf cette vidéo d'une horrible qualité mais qui montre l'opération chez Mauser en 1940. A partir de 0:50

https://www.youtube.com/watch?v=uWvqeVckUvI

jorge a écrit:Merci pour vos retours. Avez vous des détails sur ce qu'il faut voir dedans, quelle forme ? Etc

Salut 
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cpf86656471/visite-au-banc-d-epreuve-des-armes-a-feu-a-issy-les-moulineaux

Merci pour les liens c'est super interessant. Impressionnant pour le bois le savoir faire !!!

Pour le losange, il regarde a travers le canon mais il regarde quoi ? Pour que ca réfléchisse un losange il doit regarder quelque chose de particulier ?

C'est vrai qu'on n'y comprend pas grand chose...

Alors pour ne rien clarifier, voici une description extraite de la Revue d'Artillerie :
<< En regardant l'image d'une bande noire réfléchie par l'intérieur d'un canon, qui forme miroir cylindrique, on aperçoit une ombre allongée, appelée cierge à cause de sa forme, et dont les altérations indiquent les défauts de dressage. >>

C'est en note au bas de la page 2 d'un article de juin 1896 rédigé par le Cne Ch. Dévé (disponible sur Gallica) intitulé "Vérificateurs du dressage des canons de fusil", qui présente un appareil optique nouvellement utilisé par la manufacture de Châtellerault, destiné à guider plus sûrement le travail des dresseurs de canons.
Car le procédé du "cierge" était incertain, exigeant un personnel très long à former, et insuffisant avec une arme dont le calibre et le pas de rayures seraient plus réduits que ceux du Lebel.
Le nouvel appareil optique, constitué d'une lunette spéciale et d'un miroir fixé au bout d'une pige calibrée qu'on déplace dans l'âme, permettait de chiffrer l'amplitude et la position des défauts. Il était présenté comme assez sensible pour détecter le fléchissement du canon provoqué par une très légère pression du doigt.

Avertissement :
Ceux qui liraient cet article pourraient être rebutés par le passage technique prétendant décrire l'appareil... Qu'ils persévèrent, quitte à survoler les zones obscures, car plus loin sont éparpillées des informations intéressantes. Par exemple l'expérimentation de canons délibérément cintrés, contre-cintrés (ondulés, en somme) : en utilisant un appareil optique pour régler la ligne de mire exactement parallèle à l'extrémité du canon, le tir était groupé au centre de la cible. Et diverses autres petites choses, dont la précision alors requise pour une arme de guerre : que les points moyens de toutes les armes produites soient à 200 m contenus dans un rectangle H + L de 50 + 40 cm (c'est à dire n'importe où dans le noir de la cible ; et même un peu plus grand...)

Merci beaucoup Verchere pour cette réponse très intéressante. Je ne connaissais pas Gallica non plus, très instructif, vraiment.

Verchère a écrit:C'est en note au bas de la page 2 d'un article de juin 1896 rédigé par le Cne Ch. Dévé (disponible sur Gallica) intitulé "Vérificateurs du dressage des canons de fusil", qui présente un appareil optique nouvellement utilisé par la manufacture de Châtellerault, destiné à guider plus sûrement le travail des dresseurs de canons.

Bonjour Verchère,

Je suis nouveau sur le forum et entame les études d'armurerie à Saint Etienne.
J'ai beau cherché le document du Capitaine Dévé sur Gallica, mais je ne trouve qu'une page de la "Séances de la Société française de physique" qui reprend l'intitulé "Vérificateurs du dressage des canons de fusil" mais sans plus d'explications.



Pourrais-tu communiquer l'adresse web de l'article s'il te plaît ?

Merci d'avance

Aïe , tu commences mal ........................

Vérificateurs du dressage des canons de fusil, Cne Ch. Dévé, Revue d'Artillerie, Juin 1896.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64681546/f222.item
pages 216 à 241.

Une vidéo récente de la visite de chez Krieghoff, partie I. Ils en parlent à partir de 1h06. 
Les deux vidéos sont intéressantes. 

Verchère a écrit:Vérificateurs du dressage des canons de fusil, Cne Ch. Dévé, Revue d'Artillerie, Juin 1896.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64681546/f222.item
pages 216 à 241.

Excellent, merci de ta réponse

Pour précision, je suis apprenti chez Verney-Carron, et je cherchais de la documentation pour mieux comprendre le procédé de dressage, étant donné qu'il est toujours réalisé ici.

lu1900 a écrit:Aïe , tu commences mal ........................

B'in, visiblement, si....