Epée-baïonnette avec lame de baïonnette à douille pour les Remington de la Défense Nationale 1870

Bonjour,
un peu d'histoire pour commencer. Les Rolling-Block "Egyptiens" qui nous ont été livrés à partir de l'automne 1870 étaient majoritairement dépourvus de sabres-baïonnettes, il a donc fallu pallier à cet état de fait par des fabrications d'urgences faites à partir de pièces  disparates disponibles en France.
Le directeur des armes portatives suggérait  dans une note du 23 novembre "On pourrait peut-être, vu l'urgence, monter des baïonnettes ordinaires triangulaires ou quadrangulaires sur des poignées de sabres[sabres-baïonnettes]. Cette combinaison qui a été essayée au moment de l'adoption du Chassepot pourrait fournir une solution provisoire et satisfaisante ", ce qui a été accepté dès le lendemain.

Voici un exemplaire :







Ces montages sont faits avec des poignées et des croisières destinées aux S.B. 1866, non finies ou écartées en cours de fabrication, sur lesquelles on a monté des lames non finies de baïonnettes 1847 qui devaient rester en stock. Le diamètre interne de la douille a été agrandi à 18mm pour pouvoir s'adapter au canon du Remington. De même l'arrière supérieur de la poignée a été limée pour qu'elle ne butte pas contre l'embouchoir du Rolling-Block car les longueurs de coulisses sont différentes entre les deux armes (71 mm sur la poignée Chassepot, 75 mm sur la Remington) et du coup une poignée type Chassepot se retrouve plus en arrière quand elle est montée sur un fusil Remington.



Il semble que cette production d'urgence n'ai été faite qu'a partir de fin novembre 1870 et ait du s'arrêter début janvier 1871 car Châtellerault à commencé à produire des sabres-baïonnettes simplifiés pour les Remington à ce moment là.

merci ....pas connue !

Connue des collectionneurs de baïonnettes quand même. Les livres de références existent sur les armes de la guerre franco-prussienne, je recommande ceux de Christian Mery sur le sujet, c'est très bien documenté !

il n'y a quand temps de guerre que l'on trouve des solutions rapides et efficace.

Il existe des tas de variantes !!

M'en faut une, m'en faut une....     

J'ai le fusil, c'est déjà ça ! (bon , en fait, en tant que tireur, je préfère le fusil sans baïonnette que l'inverse )

turbine a écrit:il n'y a quand temps de guerre que l'on trouve des solutions rapides et efficace.

… et pas chères  

Jeppesen a écrit:M'en faut une, m'en faut une....     

J'ai le fusil, c'est déjà ça ! (bon , en fait, en tant que tireur, je préfère le fusil sans baïonnette que l'inverse )

J'en connais deux à vendre, mais c'est chères !!!

Je suis tireur avant tout, et donc pour moi la "baïonnette" accompagnant le fusil est seulement un petit "plus", disons pour le plaisir des yeux, ou celui de faire une "jolie photo" d'ensemble.

Je n'y mets donc jamais bien "cher", dans tous les cas.

Après, tout dépend de ce que l'on appelle "cher"

Mais merci pour l'info, je vais regarder 

christianmery a écrit:

Jeppesen a écrit:M'en faut une, m'en faut une....     

J'ai le fusil, c'est déjà ça ! (bon , en fait, en tant que tireur, je préfère le fusil sans baïonnette que l'inverse )

J'en connais deux à vendre, mais c'est chères !!!

Bonjour ,
   je ne sais pas pour vous mais des que je vois une belle baïonnette je recherche
à connaitre le model exacte puis bave devant les photos et me décompose devant
le prix demandé , car depuis quelques temps les montants demandés deviennent incohérent.
Je me demande si des collectionneurs les achètent à de tels prix ?   je vais bientôt plus pouvoir
en acheter.

                                                                    

Rakamlerouge a écrit:Bonjour,
un peu d'histoire pour commencer. Les Rolling-Block "Egyptiens" qui nous ont été livrés à partir de l'automne 1870 étaient majoritairement dépourvus de sabres-baïonnettes, il a donc fallu pallier à cet état de fait par des fabrications d'urgences faites à partir de pièces  disparates disponibles en France.
Le directeur des armes portatives suggérait  dans une note du 23 novembre "On pourrait peut-être, vu l'urgence, monter des baïonnettes ordinaires triangulaires ou quadrangulaires sur des poignées de sabres[sabres-baïonnettes]. Cette combinaison qui a été essayée au moment de l'adoption du Chassepot pourrait fournir une solution provisoire et satisfaisante ", ce qui a été accepté dès le lendemain.

Voici un exemplaire :

Une belle pièce !   
Je remarque que le rivet qui se trouve normalement au 3e cordon de la poignée n'a pas été posé.
Cette baïonnette est vraiment à part.

Le temps pour moi de retrouver les photos des miennes et je poursuis cette conversation passionnante.

A bientôt

Argh, je vais "encore" baver

Voici déjà cette baïonnette pour fusil Remington Egyptien :



De prime abord, on jurerai la baïonnette d'un Chassepot !
Poignée en laiton à 14 cordons, rivet au 3e cordon, poussoir rond, douille fermée par une vis à ergots ... et numéro matricule.
Et pourtant, elle n'a pas le fraisage à l'arrière de la poignée, caractéristique des baïonnettes pour le Remington :



Celle-ci présente un marquage de la lame à moitié caché par la croisière, une tête couronnée (Alex Coppel ?)



Ceci pour cette première baïonnette, finalement relativement commune.

J'espère ne pas trop polluer le post de notre ami Rackamlerouge. S'il le souhaite, et le staff aussi, on fera un nouveau post.

La suite sous peu.

Un autre modèle, toujours pour le Remington Egyptien.
Celle-ci ne comporte aucun marquage nulle part ni poinçon, ni matricule.
Beaucoup moins jolie que la précédente et fourreau cabossé, elle est cependant restée en bel état :



Tout comme la précédente, la poignée est quasiment celle d'une baïonnette de Chassepot, rainure plus étroite et absence de fraisage à part :




Elle est de fabrication inconnue.

La suite arrive.

Et il "persévère", le bougre !  


 

Désolé, cher Alain ! 


Donc, voici la troisième baïonnette pour le Remington Egyptien.

Et, puisqu'on en parle tout le temps, elle est en compagnie de son fusil Remington :



Vous allez le voir, cette baïonnette est également pas banale.

Comme précisé par Rakamlerouge, sur le Remington, la poignée arrive au raz de l'embouchoir :



Ensuite, vous aurez remarqué, il n'y a pas de rivet au 3e cordon, tout comme pour la baïonnette d'urgence.

De plus, il n'y a pas de vis à ergots sur la douille, ici, on a juste le prolongement de la douille, mais vierge de tout orifice, confirmant par là l'utilisation de pièces rebutées ou non finies dans la fabrication d'urgence de ces baïonnettes :



Enfin, cette arme possède un marquage tout à fait réglementaire abrégée "Manufacture Nationale de Châtellerault - Janvier 1871" au dos de la lame, ainsi qu'un poinçon S sous la croisière.
En Janvier 1871, on est encore en plein combats, la guerre n'est pas finie :
- à Paris toujours assiégé et mourant de faim.
- au Mans les 10, 11 et 12 Janvier, 
- à l'est avec l'armée Bourbaki repoussée par les prussiens du 18 au 28 Janvier



Cette baïonnette est-elle ce qu'on appelle un "modèle simplifié" ?

Voila, j'en ai fini avec cette baïonnette, somme toute passionnante à étudier.

Je précise aussi que je possède le beau livre de Christian Mery sur les armes de la Défense Nationale, que c'est même le premier ouvrage ou j'ai pu avoir des infos sur les fusils 1853-T-Car, malheureusement passés sous les radars de Boudriot ...

À bientôt

Excellente leçon sur ces baïonnettes pourtant peu courantes, c'est le moins que l'on puisse dire !

Merci, très instructif  

Ce sabre-baïonnette a été produit à Châtellerault à la fin de l'année 1870 (Chassepot modifiés) et surtout au début de l'année 1871 fabrication neuve. Tous ceux que j'ai examiné avec lame neuve dataient de janvier 1871, j'ai cependant en collection un exemplaire de février 1871, mais j'en ai pas vu d'autre. Les archives parlent de 5000 SB au départ de Châtellerault destinés aux fusils Remington livrés dans à la fin du mois de janvier 1871. Il s'agit peut-être de ceux là ?
On remarque effectivement la poignée simplifiée par l'absence du rivet au 3e cordon.
Il y a souvent un numéro placé dans la rainure de directrice avec une lettre préfixe. 
La suppression de la vis de réglage de douille. L'industrialisation des productions US permettait de s'en passer, contrairement au Chassepot. Parfois, c'est une fabrication neuve (production début d'année 1871 sans emplacement petit tenon) et d'autres fois (production fin d'année 1870), c'est une croisière Chassepot modifiée (pas facile à voir lorsque la vis est supprimée).
Comme indiqué plus haut, on observe aussi l'absence de l'emplacement du petit tenon sur les croisières neuves, le Remington en étant dépourvu. Sur les croisières Chassepot modifiées, on distingue sa réduction suite au réalésage de la douille à 18mm au lieu de 17,5mm.
Mon livre présente toutes ces variantes et bien d'autres encore. Il est disponible sur mon site et toujours en promotion je crois.
voilà quelques exemplaires de SB Remington d'urgence avec lames de récupération : glaives 1816, 1831 et 1852. Il y en a d'autres et c'est un domaine passionnant et sur lequel nous avons beaucoup travaillé. Photo d'un franc-tireur garibaldien sans doute avec cette arme.

Merci à vous Christian, d'avoir pris le temps de détailler votre réponse !

Voici les numéros relevés dans la rainure et sur le verrou de ma baïonnette.

Le numéro poinçonné dans la rainure ne semble pas avoir de lettre index, je lis 5010 :


Ce numéro à 2 chiffres poinçonné sur le verrou, à l'intérieur de la poignée, je lis 53 :


Voici donc un numéro sans lettre indice ...

À bientôt

Il devrait y avoir une lettre G qui suit le numéro, mais il est possible qu’elle ny soit pas. J’ai relevé dans mon livre un certain nombre de numéros majoritairement à 4 chiffres en débutant par un 3, 4, 5, cette dernière clôturant à ce jour la série. Lorsque le numéro se trouve plus rarement sur la croisière, il n’est pas dans la coulisse de tenon. Pour ceux que cela intéresse, toutes ces productions ersatz avant l’heure sont visible dans mon livre.