Restauration pistolets 1er Empire et Restauration

Bonjour à tous ,
 
Je viens vous présenter une restauration que je termine au bout de 8 semaines de confinement.
 
J’avais acheté il y a environ 8 ou 9  ans 3 pistolets anciens dans un vide grenier .  C’était la fin de la journée dans un joli village provençal et  la dame qui les vendait( après d’âpres marchandages ) m’avait dit qu’ils venaient d’un ancêtre militaire de son mari.
 
Vu leur état ( le bois était très pourri certainement après un stockage prolongé dans un local trop humide genre cave) la rouille , les mécanismes bloqués …et mon manque de motivation ( et de moyens techniques et financiers ) pour les restaurer correctement, je les ai rangés dans un coin . J’ai même regretté un moment avoir acheté ces vieilles pétoires d’autant plus que je les ai carrément « perdus » pendant au moins 5 ans . Je les avais si bien ‘planqués’ que je ne les ai pas retrouvés quand , à l’heure de la retraite je les ai recherchés pour les « avancer ».
 
Et c’est grâce à un membre de ce forum ( deux indices : bricoleur et noctambule ) qui m’avait donné une idée de bricolage pour mon microscope , que je suis allé fouiller dans le carton »informatique » pour y chercher un vieux disque dur : Et au milieu des cartes mères au fond du carton il y avait les fameux pistolets…drôle de logique dans le rangement: J'arrive parfois à m'étonner
 
J’aurais certainement fini par désosser ces pétoires pour les vendre en pièces sur naturatruc, ou les échanger à des collègues collectionneurs pour pièces , mais il s’est produit le 12 mars dernier un événement inédit :Le CONFINEMENT
D’un coup je me retrouvais avec beaucoup de temps et je n’avais plus la tentation de sortir  pour aller à la pêche ou bricoler chez des collègues … Et comme nous avons gardé pendant 3 jours nos petits enfants qui n’allaient plus en classe , j’ai vu que mon petit fils montrait un certain intérêt pour ces reliques du début 19^e . Je lui ai montré comment on chargeait avec la baguette et comme on mettait à feu avec un archaïque silex… Tout en lui expliquant les risques et les précautions de manipulation d’armes ,  J’ai vu qu’il était réceptif et il m’a même demandé pourquoi la balle ne tombait pas seule quand on le mettait à la ceinture comme Jack Sparrow, on a donc parlé des calibres , des rayures pour mettre la balle en rotation etc…
 
J’ai réussi à intéresser mes petits enfants à la pêche à la mouche( même ma petite fille a pris des truites sauvages ) , mais là les armes ..ça été une nouveauté.  C’était donc décidé pendant ce confinement j’allais mettre au moins un de ces pistolets en état de marche, pour qu’on puisse  tirer à blanc avec lui le jour où on se déconfinera.
 
Comme ça a duré plus que je le pensais … j’en ai restauré un premier, puis le second de la paire à percussion …

et le confinement s’éternisant je me suis attelé à la réfection complète d’une crosse : travail qu’en temps normal m’aurait paru irréalisable. Mais là je m’étais pris au jeu, je m’étais exercé sur les deux premiers et cela m’a bien occupé l’esprit de me demander comment et avec quel outil faire un encastrement de capucine ou comment percer droit le logement d’une baguette sans faire dévier le forêt et sortir sur le  côté de la crosse ;
 
Vous savez , ça fait comme vous êtes au bord du plongeoir , vous hésitez à sauter  , puis une fois que vous êtes en l’air , non seulement vous devez penser à votre saut carpé pour épater les copines, mais vous devez penser surtout à ne pas vous louper et faire un gros plat qui fera rire les copains et hausser dédaigneusement les épaules des belles.
 
Là je voulais surtout faire quelque chose de  beau, propre et fonctionnel que je puisse transmettre à mon petit fils sans qu’il ait à se demander ce qu’il fera de ce vieux tas de ferraille que lui laisse le papy .
Alors c’est vrai que ça aura certainement perdu de sa valeur marchande , ça les amis collectionneurs me l’ont bien expliqué … et je l’ai compris . Mais là ce que je cherche à transmettre ce n’est pas que la valeur marchande , c’est beaucoup plus immatériel… et ce sera beaucoup plus précieux pour mes héritiers ; C’est du moins ce que j’espère
 
Après ce long préambule , voici les photos de cette restauration finie  tout juste hier . 
https://www.gravure-couteaux.info/gravure%20armes%20collection/pistolets%20Corona(5).JPG

Vos commentaires seront bien sûr les bienvenus ( même les non élogieux , on apprend toujours des critiques constructives … ça servira pour les restaurations à venir lors de covids futurs )
 [url= https://www.gravure-couteaux.info/gravure armes collection/pistolets Corona(5).JPG][/url]
J’ai fait un reportage au jour le jour de ces restaurations sur le forum poudre noire, je ne vais pas le recommencer ici puisque j’en ai fait un résumé vidéo que j’ai mis sur youtube… J'ai envoyé la vidéo à mon petit fils  comme ça il verra que le papy n’est pas resté inactif pendant 8 semaines

Sur mon PC la photo du travail terminé n'apparaît pas ; il semble y avoir une erreur de rédaction du lien.
Une fois corrigé ça marche, en cliquant dessus :
https://www.gravure-couteaux.info/gravure%20armes%20collection/pistolets%20Corona%20(4).JPG

L'appréciation en 2 mots : Félicitations l'artiste

S'il n'était pas aussi difficile de se relever j'en tomberais sur le ... derrière. Toutes mes félicitations pour ce remarquable travail de restauration(s) et merci pour le partage. Pièces maitenant superbes.

Ce qui correspond vraiment au mot "restauration" !

Félicitations !!

Bonjour,

Belle restauration quand on voit dans quel état étaient ces armes. 
L'atelier mériterait un bon rangement, par contre, si je peux me permettre. 

Merci pour ce reportage, il y a des idées à prendre quand on voit le résultat.


Cdlt,
Diabolo

Magnifique travail !

Merci beaucoup Messieurs pour vos commentaires  

@Verchère : je n'ai pas trop d'expérience sur le travail du bois, contrairement à l'acier où le sens de la coupe a peu d'importance, là j'ai du sans cesse chercher dans quel sens le ciseau coupait mieux   Je suppose que les spécialistes parviennent à "lire" le sens du fil , moi au bout de 1 mois je n'y arrive pas encore.
Pour le perçage de la baguette j'ai eu beaucoup de stress car je pouvais en quelques secondes bousiller deux semaines de boulot . Si j'en refais un je perce ce trou en premier, j'y mets une tige en fer du même diamètre et je creuse le reste autour.

@Diabolo : c'est sûr que j'ai un peu de boulot de nettoyage maintenant : il y a de la poussière de bois qui a volé partout.
Mais question "désordre" je suis loin de battre les ouvriers liégois qui ont monté ces armes . Regardez le monteur à bois: il semble jeter ses outils n'importe où , mais dans la seconde il les retrouve lorsqu'il en a de nouveau besoin : C'est le bordel organisé







Si vous êtes intéressés par le travil de ces armuriers , regardez sur la même chaîne YTube il y 7 ou 8 videos sur la forge des canons , le polissage , trempe, le quadrillage.
Je les connais toutes par cœur , j'ai du les visionner des dizaines de fois au cours de ce confinement

Une autre vidéo que j'ai beaucoup regardée est celle de cet américain qui monte des pistolets très similaires , j'avais suivi sa technique d'encastrement de pommeau pour encastrer la capucine qui a une forme biscornue



Mon petit fils m'a envoyé un message : Il  les a beaucoup aimés en vidéo, maintenant il me tarde d'aller les lui montrer en vrai...

Bonsoir Jean, je vois que tu fais encore des miracles dans une autre discipline!!!!!
La restauration est que tu as faite est superbe.

Sur une arme le fil du bois est presque dans l'axe, ce qui veut dire que tantôt il monte un peu, tantôt il s'enfonce un peu... Sur un pistolet c'est pire, parce-que pour améliorer la robustesse ils essayaient de trouver un fil courbe se rapprochant de la forme, voire un fil enchevêtré.
Alors c'est surtout la réaction du ciseau, qui indique le sens du fil (avec un peu d'habitude on "sent" que ça va engager, avant que ça n'engage vraiment).
Mais l'affûtage est primordial, car un outil coupant parfaitement arrive à travailler sur un fil plongeant qui ferait engager un ciseau moins bon.
Il faudrait que ça coupe "comme un rasoir", et c'est pas un vain mot : un ébéniste m'a montré, il se rasait les poils du dos de la main avec le ciseau à bois. Fort heureusement, si ça coupe un peu moins qu'un rasoir ça travaille encore bien à contre-fil (mais les outils à quadriller c'est très loin du rasoir, c'est plutôt du grattoir).

A noter aussi que le noyer accepte bien le travail à contre-fil ; d'autres bois ne l'admettent pas et le ciseau plonge sans rémission. C'est d'ailleurs un bon moyen de tester l'aptitude d'un bois à la sculpture : sur une face plate et à peu près de fil, creuser une courte entaille de forme rappelant un logement pour clavette demi-lune (le ciseau doit alors successivement traverser le fil dans les deux sens, si l'état de surface est assez uniforme le bois sera facile à sculpter).

Impressionnant

@nemesis: Ah Claude ça fait plaisir de te retrouver là. Je viens de voir que tu as un réglementaire russe, bravo!!!   J’avais repensé à toi il y a quelque temps car j'avais vu passer un canon 100% titane , je te contacte par mail , bonne continuation

@Lestat : Merci  

@Verchère : On voit que tu connais et aimes travailler le bois .
Cela n'a jamais trop été mon truc, j'en ai utilisé pour faire des couteaux , mais c'est nettement plus technique sur une crosse.
C'est marrant ton histoire de fil qui suit la courbure de la crosse . Je me disais justement que ça aurait été mieux lorsque je les coupais  les fibres en travers au ciseau, c'est là que j'ai vu mes lacunes en affûtage    Le bois que j'avais n'avait que des fibres droites je n’avais pas trop le choix , mais je n'aurais pas pensé à rechercher ces fibres coudées

Sur la vidéo des monteurs à bois liégosi on voit bien ses ciseaux polis et la facilité avec laquelle il coupe. Je suppose qu'ils devaient utiliser la fameuse pierre de Coticule qu'il avaient à proximité  pour les finitions et le polissage du fil.
As-tu remarqué le coup de main du gars pour éviter d'engager avec la plane?  C'est un beau métier le travail du bois
Le coutelier qui m'avait montré comment il l’utilisait était comme ton ébéniste : complètement imberbe sur l'avant bras gauche

L'aiguisage demande du temps et de la patience , mais c'est tellement agréable le bruit d'un outil qui tranche pour de bon ....

Sur un pistolet il est rare que le fil suive exactement la courbure, ce serait trop difficile à trouver.
Par contre il suit souvent un peu, "autant que possible", et il ne doit surtout pas tourner du mauvais côté.
Sur des armes civiles soignées ça peut être mieux que sur des armes militaires, pour lesquelles on n'avait ni le temps ni les moyens de chipoter.

De toutes façons, le fil ne pouvant pas être réellement parallèle à la surface, c'est plutôt avec un fil "presque parallèle" que c'est le plus embêtant : tantôt il monte, 3 cm plus loin il redescend, pour remonter tout de suite...
Alors que s'il est nettement de travers, tout se travaille pareil et dans le même sens.


Un vieil ébéniste du patelin en bas déplorais n'avoir jamais pu garder un bon apprenti : il se le faisait toujours piquer par Peugeot ou Alsthom, qui payaient mieux. Parce-que disait-il, << quand on est assez bon sur le bois, avec tous les problèmes de fil, on est forcément très bon sur le métal. >>

Bonjour,

Chapeau pour ces restaurations!
Je suis impressionné par le travail mené... 

Pour ma part je ne saurai pas faire 1/10e de ce que vous avait fait!

 Je te le répète : BRAVOOOOoooooo