Alerte sécurité SIg Sauer P320

Petit déterrage, pour ce sujet qui me semble mathématiquement intéressant.

En effet, si l'accélération, la hauteur, la vitesse et le temps sont liés :
v = a.t (vitesse au temps t : produit de l'accélération et du temps)
d = 1/2a.t2 (distance parcourue pendant le temps t sous l'accélation a)

il est possible de sortir le temps de ces deux équations pour avoir le lien entre accélération, vitesse et distance parcourue :

d = 1/2 v2 /a

qui est équivalent à

a = v2/2.d (accélération pour passer d'une vitesse nulle à une vitesse d - ou vice versa - sur une distance d)

Dans le cas de la chute d'un pistolet, posons :
H = hauteur de la chute
h = distance de freinage (liée à la déformation du sol et de la carcasse)

vitesse au carré à l'impact :
v2 = g.2H  (g : accélération de la pesanteur terrestre)

"décélération" (c'est à dire accélération négative) pour passer de la vitesse d'impact à une vitesse nulle :
a = v2/2.h = g.2H/2.h = g.H/h
c'est à dire l'accélération de la pesanteur multipliée par le rapport entre les hauteurs de chute et de freinage.
Avec une chute d'1m, freinée sur un 1 mm, cela fait une décélération de 1000 g.
Si la masse de la détente pèse 20 g, elle exerce une force (due à la décélération) de 20 kg, donc en théorie largement suffisante pour faire partir le coup.

MAIS ... car il y a un mais

pour faire partir le coup, la détente doit s'enfoncer d'une certaine valeur, en luttant contre la force du "poids" du départ.
Cela consomme de l'énergie E : F.d (force multipliée par son déplacement)

2 kg de poids de détente (soit environ 20 N), enfoncé sur 1 cm, cela nécessite une énergie de 0,2 J

Cette énergie provient de l'énergie cinétique emmagasinée dans la détente pendant la chute
Ec = 1/2m.v2 = m.g.H = 0,02 x 10 x 1 = 0,2 J

Surprise ! les deux valeurs sont égales !
Avec ce calcul fait sur un coin de nappe, avec quelques hypothèses faites à la grosse louche, on trouve qu'on a tout juste l'énergie suffisante pour faire partir le coup, ce qui est cohérent avec le fait qu'il suffise d'alléger la détente pour que le coup ne parte pas.

Je tombe seulement maintenant sur ce sujet.
Le P 230 n'est pas la seule arme qui a des soucis de sécurité aux chocs. J'ai assisté à une expérience "amusante". L'arme était un "12" superposé d'un obscur armurier espagnol. Vu qu'elle allait "morfler", pas besoin d'une arme de prix. Platine classique. Je ne peux cependant pas jurer qu'elle était dans un état absolument irréprochable.
Bref, les marteaux à l'armé, lâchée sous garde vers le haut de la hauteur des genous sur un tapis de caoutchouc assez dur (pneu recyclé) sensé préserver un peu l'arme (la bande ventilée a quand même ramassé), elle avait percuté une fois sur trois. Je pense qu'il faut un peu d'angle vers l'arrière pour aider les détentes à se déplacer suffisamment sous l'effet de l'inertie et qu'il y a également une action directement sur les gâchettes qui travaillent verticalement.
Mais tout ça pour dire que je ne vois plus les fusils de chasse qui parcourent nos campagnes tout à fait du même œil.

Pendant longtemps, je pensais qu'il fallait vraiment un très gros choc ou une arme à départ très allégé pour que le coup parte avec une chute d'hauteur d'homme.
Mes petits calculs sur un coin de nappe m'ont montré que la simple inertie des pièces mobiles pouvait vaincre même un départ type "striker action" (et donc que le bitonio qui dépasse au milieu des détentes de ce type de mécanisme n'est pas là pour satisfaire une phobie de bureaucrate).
Je vois d'un œil différent les dispositifs de sécurité internes demandés sur les armes militaires.

 
Si celà peut aider je me souviens d'une "affaire" relatée dans un vieux N° de "Cibles" :
- Madame est retrouvée morte d'une balle dans la tête dans son lit
- Monsieur avait l'habitude de ranger son pistolet sous son traversin ;6,35 ou 7,65mm je ne me rappelle plus;
Les conclusions des enquêteurs furent rapides et aboutirent à l'inculpation du mari du fait que les analyses balistiques démontrèrent que "l'arme du crime";retrouvée sous le lit était bien le pistolet du mari. Ces conclusions des enquêteurs furent corroborées par un expert qui procéda à de nombreux essais de chute du pistolet depuis la distance sommier/sol...sans parvenir à déclencher le coup et celà sur un nombre élevé de chutes.
Un autre expert renommé ;et commissionné par la défense; fit de même mais sur un nombre plus important de test....et finit;devant huissier; à faire partir le coup !
Je ne me souviens pas du nombre de "tests" réalisés avant le coup "fatal" mais il me semble qu'il était supérieur à ...1000

Je me demande si je n'ai pas également lu ce n°  

Cette affaire montre surtout qu'il y a eu un gros raté lors de l'examen de l'arme par les forces de l'ordre : un pistolet tiré sans être tenu ne "cycle" pas, on doit donc trouver la douille vide dans la chambre (de l'arme).