Deux carabines 1846 et 1846 T

Très belles carabine,la T ne se differenciant que par l'arasement de la tige et la hausse qui passe à 1100m comme pour les 1853 et 189 du moins je crois.

Félicitations pour ces 2 beaux témoins

Extérieurement elles apparaissent strictement indentiques, au T près c'est bien exact ?

Bonjour à vous

Félicitations !

Elles sont fort belles !

Avec l'arrivée du système à tige, l'utilisation des carabines se repend :
Avec les 1837 / 1840 / 1842, seul les chasseurs à pied en était armée

Depuis 1804, un bataillon d'infanterie français est composé de 8 compagnies : 6 de fusiliers, 1 de grenadier et 1 de voltigeurs (infanterie légère chargée de tirailler).
A partir de 1848, sur terrain d'opération  (pas en métropole), il est courant de réarmer complètement la compagnie de voltigeurs avec des carabines de chasseurs.
Même avec l'arrivée du fusil modèle 1857, les compagnies de voltigeurs déployées à l'étranger continueront d'être armées de carabines (mais pas toujours).

En 1848 les Zouaves reçoivent à titre expérimental des fusils T-Car (à tige). Les 4 régiments de Zouaves sont officiellement réarmés de fusils à tiges en 1851,  puis carabines en 1857.

En 1852, l'Infanterie de Marine est +/- reclassée comme faisant parties des troupes légères. Elle sera complètement fournie en carabines à partir de 1855.

C'est un phénomène assez classique en Europe de la fin des années 1840 et du début des années 1850 : Les différentes troupes légères sont rééquipées en armes rayées. Auparavant lesdites armes étaient réservées aux spécialistes tel les bataillons de Riflemen / Chasseurs à Pied / Jäger / Carabiniers Suisses etc 

Merci encore pour le partage.

Salutations

Tico a écrit:Félicitations pour ces 2 beaux témoins

Extérieurement elles apparaissent strictement indentiques, au T près c'est bien exact ?

Hormis les marquages et les graduations de la hausse, elles sont extérieurement identiques ... mais il y a d'autres points à observer.

C'est le cas de la baguette qui est plus longue sur la 1846 T par suite de la suppression de la tige, donc elle ressort davantage sous le canon.

Enfin, comme ces modifications (faites autour des années 1859 - 60) sont réglementaires, outre le T poinçonné à la queue de culasse, la crosse porte le nom de la manufacture entre le macaron et la plaque de couche. Normalement aussi, l'initiale de cette manufacture et l'année de la modification T sont poinçonnés sous la masselotte, caché par la monture.

Et, mais on n'en parle jamais puisque c'est du consommable, la cartouche est également modifiée. Comme il n'y a plus de tige, on passe de la balle à culot plat Tamisier à la balle à jupe 1859, mais aussi aux balles 1857 ou 1863.

Bravo encore et merci cher Saint Étienne. Tes carabines sont très belles .

je t'accompagne modestement avec une carabine 1846 T. (pas nettoyée , je sais)

cette carabine a le mérite de posséder sa baïonnette au numéro de l'objet  et je montre aussi à titre documentaire pour les puristes une tige réformée plus le tire balles.

XXX

Bonjour à tous.
Elles sont magnifiques ses carabines...dans un très bel état...bravo. Equipé de son sabre baïonnette c'est de toute beauté!
Une petite question! C'est quoi exactement ce fameux système à tige?
Salutations.
Olivier.

Welcome Sir !

je ne suis que le millimètre le Saint va te répondre !

Omahabeach a écrit:C'est quoi exactement ce fameux système à tige ?

C'est une excellente question !

La culasse est munie d'une tige de 9 mm de diamètre vissée en son centre, dépassant de 38 mm dans le canon.
L'idée est qu'en forçant à grands coups de baguette une balle (en plomb) ogivale à fond plat sur cette tige, la balle va s'élargir et s'imprimer dans les rayures.

La poudre de la cartouche est versée autour de la tige, puis la balle vient se poser sur la tige, et là, on lui donne 2 grands coups de baguette.
Lors de l'explosion de la charge, la balle va être expulsée en tournant selon les rayures.

Défaut : l'encrassement de l'espace entre la tige et le canon va faire que la poudre va remonter et la balle ne reposera plus sur la tige ... et adios à la précision ! Donc nettoyages obligatoires très très fréquents d'un endroit difficile à nettoyer sur le terrain.

Schéma tiré du Boudriot "chargement bouche et percussion" :

Omahabeach a écrit:Bonjour à tous.
Elles sont magnifiques ses carabines...dans un très bel état...bravo. Equipé de son sabre baïonnette c'est de toute beauté!
Une petite question! C'est quoi exactement ce fameux système à tige?
Salutations.
Olivier.

Bonsoir

Pour compléter ce qu'a dit Saint Etienne.
Le système à tige fut très utilisé en Europe par les unités de bon tireurs.
Il était plus simple que les systèmes précédents (balle ronde forcée, culasse Delvigne, système Bunswick...)
Néanmoins, comme le précise Saint Etienne, la nécessitée de nettoyer souvent l'arme, empêchera la généralisations à toute l'infanterie de ligne.

Pays Utilisateurs :
-France
-Prusse (Jägerbüchse modell 1835 UM) en 1847, pour les unités de Jäger uniquement
-Autriche en 1855 (supprimé vers 1861) avec le Lorentz Dornstützen modell 1854, pour les Feldjäger
-Bavière avec la conversion des anciens Dornbüchse en 1848, puis un nouveau modèle en 1854. Idem pour les Jäger
-Saxe en 1850 avec le Dorngewehr de 14,6mm (fabriqué en Belgique) pour la Leichte Infanterie (infanterie légère)
-Dannemark avec les Tappriffel 1848
-Suède en petite quantité avec les Tappstudsare M/1840-48
-Norvège, avec la conversion à partir de 1851 d'une partie des fusil d'infanterie modèle 1834-41 & 1825-41 ainsi que les m1821-41 de Jäger
-Espagne avec la carabina rayada modelo 1848 (pour artilleurs à pied)
-Empire Russe : environ 2'000 exemplaires basée sur une version raccourcie du fusil modèle 1845
-Belgique en 1848. Avec une carabine ressemblant extérieurement aux carabines Brunswick anglaises, mais possédant une tige.
-Pays-Bas
-Schleswig Holstein et la plupart  de petits états germaniques. Sauf le Wurtemberg et le duché de Bade qui ont préféré le "système Wild" à balle calepinée.

Cela fait pas mal de monde.

Le système fut vite éclipsé par les balles à compression, mais surtout par les balles à jupes ou culots (dit Minié).

Meilleures salutations et bonne soirée

Joseph

Bonsoir à tous.
Merci beaucoup pour cet exposé bien documenté et très instructif pour moi, qui ne connaissait absolument pas ce type de chargement!
Encore merci à vous.
Amicalement.
Olivier.

Merci à Saint-Étienne pour le partage de ces deux merveilles que je regarde avec un œil humide !
Et un beau duo en plus 

Comment pouvait-on faire pour nettoyer autour de la tige ? À part l’eau bien chaude et un chiffon autour de baguette en agissant par pompages/refoulages successifs, le tout en espérant que la saleté parte par la cheminée…   quelle galère !

En 1804, Cotty insistait sur la nécessité d'ajuster parfaitement le filetage des culasses, qui sinon prendrait vite du jeu à cause des démontages fréquents.
Ne faut-il donc pas en déduire qu'au début XIXe le nettoyage complet des armes se faisait en dévissant la culasse ?

C’est bien possible…
Cela dit, trouve-t’on des traces de démontage sur les pans de canons ? Personnellement, je n’en ai pas souvenir mais je n’ai pas eu en mains un si grand nombre d’armes à chargement par l’avant pour en baser une statistique 

obaneck a écrit:C’est bien possible…
Cela dit, trouve-t’on des traces de démontage sur les pans de canons ? Personnellement, je n’en ai pas souvenir mais je n’ai pas eu en mains un si grand nombre d’armes à chargement par l’avant pour en baser une statistique 

Au XIXe siècle, on ne déculasse un canon que pour une raison impérieuse - un corps étranger ou une balle coincés - et cette opération n'est faite que par le maître armurier et toujours sur ordre.

Le nettoyage des canons se faisait à l'eau, en pompant avec la baguette munie d'un chiffon. Lorsque l'eau sort propre, le nettoyage est terminé. 
Ce nettoyage était pratiqué le plus tôt possible après chaque tir.
Je l'ai fait sur fusil 1822 T bis, sur 1842 T et autres, c'est rapide et efficace. Mais il ne faut pas attendre, sinon les résidus vont s'accrocher.
Actuellement, on améliore le concept en utilisant de l'huile de coupe mélangée d'eau : encore plus efficace et en plus tu laisse une pellicule grasse juste ce qu'il faut.

Bonjour à tous .
en faisant du rangement je retrouve une carabine 1846 comme celle présentée par Saint Étienne , bravo à lui .

je vous la montre avec la carabine 1846T que j'avais présentée.

nato

Bonjour.
C'est bien de faire du rangement...cela permets de retrouver de belles surprises...magnifique exemplaire en effet!
Amicalement.
Olivier.

Dans son "Mémoire sur la fabrication des armes portatives de guerre", Paris, 1806, H. Cotty écrit ceci :

Page 100 (p. 109 du PDF Google), au chapitre "Examen des armes finies"
<< ... La culasse doit bien joindre sur le canon, et elle ne doit pas être rebattue extérieurement après son ajustage pour produire cet effet ; sans quoi, le soldat, en la démontant et remontant, la mettroit promptement hors de service. ... >>

Pages 126 & 127 (135 & 136 du PDF) "Ordre dans lequel on doit démonter le fusil pour le nettoyer à fond"
<< La baïonnette..... La baguette..... ... xxxx ... Le canon..... La culasse. >>

J'ai accroché sur le terme "le soldat".
Il se peut toutefois que ce "nettoyage à fond" n'ait pas été systématique, qu'il ait été rapidement abandonné...


On trouve aussi plus tard, dans le nécessaire d'armes Mle 1831 (planche "Accessoires" de 1849), des petits outils destinés au démontage complet de la platine. Mais ce nécessaire était-il distribué à chaque homme, ou un par escouade ? Auquel cas ce démontage se faisait peut-être sous la surveillance d'un caporal ou d'un sergent...
Cependant, s'il y a aussi un monte-ressort, je n'ai pas vu de clefs pour démonter la culasse.