Qu’est ce que le Niger?

Bonjour à tous,

Je lis actuellement les mémoires d’un maître arquebusier.

Un passage m’interpelle, concernant une technique de brunissage rapide de petites pièces (une vis par exemple).

Il décrit la marche à suivre comme cela:

Chauffer la pièce au bleu, appliquer du Niger avec un linge en coton puis laisser refroidir la pièce dans l’huile.

La pièce ressortira noircie.

C’était selon lui une technique très connue à Saint-Étienne, et l’odeur du Niger était très caractéristique.

Il est possible de l’acheter très facilement à condition de connaître son nom actuel (toujours selon l’auteur).

Bien entendu il ne le révèle pas et le mystère reste entier.

Il y aurai aussi apparement une trace écrite dans l’encyclopédie Becor (voir extrait ci-après), et on retrouve ce produit dans des vieux catalogues de fournitures d’armuriers.



Je ne parle bien évidement pas du pays 

Est ce que quelqu’un aurai une idée de ce que peut être ce produit?

J'espère que quelqu'un saura, parce-que ça pourrait être très intéressant !

On notera qu'à cette température ("bleu passé" ça doit être vers 310° à 350°, soit "huile flambante" à "huile flambée"), le trempage de la pièce dans l'huile (de vidange !) provoque un noircissement. Mais pour un noir brillant correct il faut répéter 2 à 4 fois l'opération, ça ne résiste pas parfaitement aux solvants (ça doit être un mélange de bleu, noir et calamine, comme les boucles de fusil Gras), et sur une grande pièce il est bien difficile d'obtenir une couleur uniforme.
Les chargeurs de Berthier ont reçu à une époque un traitement du même genre mais plus chaud (vers 400°), dont j'ai le détail quelque part.

Je me suis toujours demandé si une huile ou un mélange particulier ne pourrait pas donner un meilleur résultat en une seule passe ; serait-ce ce fameux "Niger" ?
La procédure serait bien commode car elle est rapide, la température s'obtient aisément sur une torche à butane et n'altère généralement pas l'éventuel traitement thermique, car les pièces d'armes revenues en dessous de 300° sont peu nombreuses (le "jaune" est trompeur : parfois c'est un second revenu après polissage, le premier étant fait au bleu).

Ne parlerait on pas d’huile de graines de Niger ?

patate55 a écrit:Ne parlerait on pas d’huile de graines de Niger ?

Je connais l’huile de Nigelle, mais je n’ai rien trouvé concernant l’huile de graines de Niger 

Je lis dans Giono,  "Bonheur fou I"  ou II, une histoire de moustaches soignées et passées au Niger.
J'imagine de belles pointes gominées à la Napoléon III.
Une piste......?

Ou DALI

Tupolef a écrit:

patate55 a écrit:Ne parlerait on pas d’huile de graines de Niger ?

Je connais l’huile de Nigelle, mais je n’ai rien trouvé concernant l’huile de graines de Niger 

Je ne sais pas si c’est la même chose mais en en anglais 

https://www.amazon.com/Dharma-OILCURE-Niger-Seed-Oil/dp/B08NYQ65CC

J’ai trouvé, d’autres informations, le Niger est une huile noire que l’on peut apparement trouver en pharmacie.

J’ai trouvé une version numérisée de l’encyclopédie Becor. A la fin il y a des commentaires écrit par le maître arquebusier dont je lis les mémoires. J’édite le poste, car les commentaires écris par le maître arquebusier sont libres à condition de le nommer, donc commentaire émis par le maître d’œuvre arquebusier Mr Christian Feron. Ci-dessous son commentaire:

Que l'on pouvait  sans doute, trouver en pharmacie , il y a fort longtemps ....  En 40 ans de pharmacie et je n'en ai jamais vu.  Peut-être dans un coin d'une vieille officine de campagne ...

Beaucoup de monde s'est ingénié à faire disparaître tous ces produits des officines de pharmacie, par intérêt ou par lâcheté ... Fournisseurs, concurrents, pouvoirs publics, etc.  

Je fournissais à mes débuts tous les produits qu'il fallait pour faire une belle "liqueur" de bronzage à froid, maintenant bon courage ...   aujourd'hui, même le banal peroxyde d'hydrogène  (l'eau oxygénée)  ou l'éthanol sont sous surveillance...  enfin pas partout ... 

ô tempora, ô mores...

Si c est ça ça se trouve facilement sur le net

Pocomas a écrit:Que l'on pouvait  sans doute, trouver en pharmacie , il y a fort longtemps ....  En 40 ans de pharmacie et je n'en ai jamais vu.  Peut-être dans un coin d'une vieille officine de campagne ...

Beaucoup de monde s'est ingénié à faire disparaître tous ces produits des officines de pharmacie, par intérêt ou par lâcheté ... Fournisseurs, concurrents, pouvoirs publics, etc.  

Je fournissais à mes débuts tous les produits qu'il fallait pour faire une belle "liqueur" de bronzage à froid, maintenant bon courage ...   aujourd'hui, même le banal peroxyde d'hydrogène  (l'eau oxygénée)  ou l'éthanol sont sous surveillance...  enfin pas partout ... 

ô tempora, ô mores...

Les commentaires sur l’encyclopédie datent de 2020. S’il s’agit d’une huile elle doit en dire se trouver. 

Pour le peroxyde on peut comprendre compte tenu des tristes évènements qui ont eu lieu notamment ces 15 dernières années…

Mais je suis d’accord que tout est surveillé. Pour certaines manip en laboratoire on utilise de l’éthanol non dénaturé, il arrive que certaines années nous ayons plus de ces manip à faire et la consommation d’éthanol double. Ça s’est parfois traduit par une petite visite des douanes qui cherchaient à savoir pourquoi cette consommation avait doublée…

M'arrive quand même parfois de regarder dans Wikipedia...

Alors le niger (guizotia abyssinica) produit des graines contenant 30 à 50% de matière grasse, dont 55 à 75 % d'acide linoléique). Mais cette huile (comestible) est claire ; c'est un substitut de l'huile d'olive...

Tandis que la nigelle ou cumin noir (nigella sativa) produit des graines dont l'huile contient presque 60 % d'acide linoleique, utilisée en médecine naturelle, cosmétique, etc.

Ce n'est donc pas du tout la même chose, quoique 60% de la composition paraisse identique...
Question posée dans mon entourage, y-a une bouteille d'huile de nigelle pas loin, je l'aurai demain pour faire un essai. A priori ce n'est pas ça, mais la meilleure façon d'en être sûr c'est de le confirmer expérimentalement.


Sinon, s'il s'agit d'huile de niger (guizotia abyssinica) et que cette huile s'avère difficile à trouver, je copie Wikipédia :
<< Les graines sont appréciées de certaines espèces d'oiseaux comme les chardonnerets, les verdiers, les accenteurs et les tarins, et sont commercialisées dans les pays occidentaux notamment comme nourriture pour des oiseaux détenus en cage. >>

Si on peut acheter les graines, on peut les presser (je suggérerais une pression à froid) ; il n'en faut certainement pas beaucoup...

Tupolef a écrit:Pour le peroxyde on peut comprendre compte tenu des tristes évènements qui ont eu lieu notamment ces 15 dernières années…

Ben justement non, on ne peut pas le comprendre...
Car l'eau oxygénée étant depuis très longtemps à libre disposition avant ces évènements, ce n'est de toute évidence pas elle qui les a provoqués ; limiter son accès c'est donc contre-attaquer dans la mauvaise direction !
Et délibérément attaquer dans la mauvaise direction, même nos généraux de la guerre de 70 ne l'ont pas fait ; sauf Bazaine, peut-être...

A voir donc avec l’huile de Nigelle.

Sinon les indices que nous avons c’est qu’il s’agit d’une huile de couleur noire à l’odeur caractéristique qui se trouverai en pharmacie (ce n’est pas de l’huile de vidange usagée   ).

J’ai pu voir que le Niger pouvais s’écrire Nyger ou encore Nyjer.

Mais je n’ai pas trouvé d’huile de couleur sombre avec cette appellation.

C'est le peroxyde d'hydrogène à 350 volumes (très utilisé en piscine) qui maintenant n'est plus disponible, mais on trouve toujours du peroxyde à 150 volumes (je crois). Celui de pharmacie est toutirikiki en comparaison.

110 volumes max en pharmacie, interdit à la vente maintenant ...  utilisé auparavant par les bricoleurs, les coiffeuses et les pharmaciens qui sont des terroristes notoires...  Et c'est déjà extrêmement puissant. Quelques gouttes sur les doigts et on comprend sa douleur...  Dans les yeux, prévoyez un chien et une canne blanche ...

350 volumes ça doit être pour les fusées    ou très pratique pour faire disparaître un cadavre gênant...     

Je ne vois pas comment l'huile végétale de "Nigelle " arriverait à noircir du métal... 

Pocomas a écrit:110 volumes max en pharmacie, interdit à la vente maintenant ...  utilisé auparavant par les bricoleurs, les coiffeuses et les pharmaciens qui sont des terroristes notoires...  Et c'est déjà extrêmement puissant. Quelques gouttes sur les doigts et on comprend sa douleur...  Dans les yeux, prévoyez un chien et une canne blanche ...

350 volumes ça doit être pour les fusées    ou très pratique pour faire disparaître un cadavre gênant...     

Je ne vois pas comment l'huile végétale de "Nigelle " arriverait à noircir du métal... 

Nous supposons que cela pourrait être de l’huile de Nigelle.

Je remercie d’avance Verchère pour l’essai qu’il va réaliser.

En tout cas d’après le maître arquebusier il s’agit d’une huile de couleur noire à l’odeur caractéristique.

Il faut voir ce bronzage/brunissage comme étant un moyen de dépanner rapidement pour de petites pièces.

Personnellement lorsque je refait une vis, ça me gonfle de sortir le bain de soude caustique la plaque chauffante et la casserole en inox. J’en ai pour plus de temps à préparer/nettoyer/ranger qu’à bronzer. Le bronzage à la couche ne vaut pas le coup pour une simple vis, et les solutions de bronzage à froid ne sont pas satisfaisantes pour moi. Il reste la solution de bleuir la vis au bain de sels, mais ça risque de faire désordre si toutes les autres vis de l’arme sont bronzées.

Pocomas a écrit:110 volumes max en pharmacie, interdit à la vente maintenant ...  utilisé auparavant par les bricoleurs, les coiffeuses et les pharmaciens qui sont des terroristes notoires...  Et c'est déjà extrêmement puissant. Quelques gouttes sur les doigts et on comprend sa douleur...  Dans les yeux, prévoyez un chien et une canne blanche ...

350 volumes ça doit être pour les fusées    ou très pratique pour faire disparaître un cadavre gênant...     

Pour les fusées, je ne sais pas, pour les coiffeuses non plus, et pour les cadavres encore moins.  Mais à 350 volumes, c'est un produit idéal à raison de 1l. pour 10m3, pour faire venir toute limpide en 24 heures, une piscine couleur jus d'épinards...
Quant aux doigts, tu as raison, mais pour les fesses, je te dis pas.... J'ai un jour entreposé temporairement un bidon "vide"sur le siège de ma voiture..En fait, le bidon n'était pas totalement vide, le siège a fait cuvette, le cuir a assuré l'étanchéité.....L'expression "s'arracher la peau du cul" dans ces circonstances prend toute sa signification

Sans parler du futal qui n'a pas aimé non plus, quelques gouttes sur un vêtement et le vêtement est foutu..

    j'imagine ...    

Bon je vais arrêter avec le peroxyde d'hydrogène  ( qui faisait voler le Messerschmit 163 Komet quand même ) pour laisser la place au Niger.

Donc j'ai fait un premier essai, et tant que j'y étais j'ai testé comparativement des huiles citées comme proches sur Wiki...

Procédure
Lamelles de tôle ep. 2 mm numérotées par coups de pointeau, poncées, sommairement polies au disque de drap, dégraissées à l'essence.
Prise d'un bout dans une pince-étau, placées au dessus d'une petite torche à propane : jaune, brun, gorge de pigeon, bleu, bleu passé.
Ecartement de la flamme et frottage avec un tampon de chiffon de coton propre, préalablement imprégné d'huile ; refroidissement en laissant le tampon huileux posé dessus.

Huiles testées
1) Huile de nigelle (nigella sativa) première pression à froid (jaune clair, plus clair que l'huile d'olive, pas d'odeur),
3) Huile d'olive vierge extra,
5) Huile de tournesol,
7) Huile de colza.

Résultats
Pas fameux !
La nigelle c'est pas ça et le colza pas mieux, ils ont juste ramené un peu de gorge de pigeon sur le bleu passé.
Peut-être un léger avantage au tournesol à l'olive, qui sans avoir réellement noirci ont plus assombri.

Mais on verra mieux demain à la lumière du jour, et je vous ferai une photo.

La suite (éventuelle)
Je pourrai reprendre les lamelles dans l'autre sens pour 4 autres essais, puis les re-polir pour 8 autres essais, etc.
Si on trouve des graines de niger à presser...
Ou une autre idée, car ce terme "Niger" signifie peut-être simplement "mixture qui fait du noir"...
Dans le buffet j'ai encore de l'huile de noix (sans grand espoir), et de l'huile de lin (ça, peut-être)...
Il faudrait aussi que je teste la mixture des chargeurs de Berthier et celle des boucles du fusil Gras (en poids : 4 x goudron fin, 1 x thérébentine, 1 x huile de lin).
A propos de cette dernière, j'ai un doute sur "thérébentine", qui dans mon bouquin de chimie des années 1860 désigne la résine brute, avant de séparer l'essence de thérébentine et la collophane.
Et le goudron, "fin", ça veut dire quoi ? J'en ai du dur "pour toitures", du mou "de Norvège", mais du goudron liquide "de houille" j'en ai plus...

Bonjour Verchère,

Merci pour ce premier retour, ça écarte déjà certains candidats.

J'ai ajouté 3 autre huiles, plus 2 témoins.
La photo est encombrante, mais en réduisant la dpi on voyait moins bien. Pour un maximum de détails, cliquer sur la photo afin de l'avoir en pleine définition dans un onglet séparé.

Sur la photo "perpendiculaire" (en haut), sans reflets, tout paraît bien sombre mais c'est trompeur !
Sur la photo "avec reflets" (en bas), l'APN vise en biais (il serait en bas de la photo, la lumière venant principalement du haut).
Seul le bout a été traité, sur une longueur à peu près égale à la largeur de la languette. En dessous on voit l'arc-en-ciel de la montée en couleurs, contenue par la masse de la pince-étau qui tenait l'autre bout de la languette.
NB : il n'y a pas d'erreur entre 0 et 1, j'avais bêtement chauffé la première languette par le côté marqué.

0) témoin, pas d'huile, simplement le bleu "passé" (attention c'est le dessous de la lamelle, exposé à la flamme),
1) Huile de nigelle (nigella sativa) première pression à froid (jaune clair, plus clair que l'huile d'olive, pas d'odeur),
3) Huile d'olive vierge extra,
5) Huile de tournesol,
7) Huile de colza.



2) témoin, pas d'huile, simplement le bleu "passé" (cette fois c'est le dessus de la lamelle, non exposé à la flamme),
4) huile de noix,
6) huile de lin (sans autre précision sur la bouteille),
8 ) huile de vidange (bien crado, ça fait des années que je colore des pièces dans le même godet, sans la renouveller).

Résultats
C'est assez subjectif, en présentant les lamelles sous divers éclairements l'oeil n'est pas toujours d'accord avec la photo. Mais il est certain qu'aucun échantillon n'est réellement satisfaisant. A la louche :
- Nigelle ça vaut rien,
- Olive et noix ça fait déjà un peu quelque chose,
- Tournesol et lin ça pourrait peut-être convenir dans certains cas,
- Mais l'huile de vidange gagne toujours, quoique la teinte soit mate et un peu irrégulière.

Huile de vidange
J'ai justement traité la semaine dernière des pièces que j'avais d'abord utilisées pour un test expérimental, relaté ici :
https://www.tircollection.com/t55366-ressorts-a-boudin-longueurs-a-prevoir#741096

Pièces brossées et sommairement polies au disque de drap puis, tenues par un crochet, d'abord trempées à froid dans le godet d'huile de vidange.
Sorties, un peu égouttées et placées devant la torche à butane (ou propane) jusqu'à ce que l'huile s'enflamme et ait totalement brûlé ; à ce moment trempage immédiat dans la même huile, sortie, rapide égouttage et nouveau flambage, et ainsi de suite... Tremper préalablement dans l'huile, à froid, ça permet de contrôler la première chauffe sans risquer de dépasser la température de revenu "huile flambée".
Au total 3 flambages suivis d'un trempage dans l'huile ; à la sortie du dernier trempage les pièces sont posées sur de la sciure de bois sèche et recouvertes de sciure (j'avais fait des essais, il y longtemps, et l'épongeage à la sciure m'avait semblé donner une meilleure couleur et une meilleure tenue que l'essuyage immédiat au chiffon).



La couleur est un peu grossière et disparaît vite sur les arêtes exposées au frottement. Elle n'est pas non plus bien régulière, surtout sur la tôle ordinaire ; les traces vers la lame de tournevis doivent venir du fait qu'au flambage, l'outil étant suspendu par un crochet, le tournevis est en bas et plus exposé à la flamme comme aux ruissellements d'huile. Si la pièce est accrochée de façon à pouvoir la faire tourner dans la flamme, on évite ce genre de défaut.
Pour simuler une "vieille pièce qui a un peu traîné", c'est acceptable ... et vite fait !

Bonjour Verchère,

Merci pour ces retours, effectivement l’huile de vidange reste une valeur sûre.

En me basant sur la description du maître arquebusier, je suis tombé sur l’huile de Cade. 

Liquide brun foncé, à forte odeur caractéristique, cette huile est utilisée depuis toujours pour ses propriétés antiseptiques et répulsives.

Origine :

L’huile de cade est obtenue par pyrolyse du bois de cade (Juniperus oxycedrus), arbuste typiquement méditerranéen.


Cette huile doit donc contenir du carbone, un peu comme l’huile de vidange usagée. Ce qui doit donner une teinte plutôt noire à l’acier. 
Il faudrait que je puisse en trouver pour faire un essai 

La description au début du sujet m'avait effectivement fait penser à l'huile de cade, qu'un copain éleveur badigeonne autour des plaies de ses moutons pour éviter la surinfection par les mouches. Je connais aussi l'arbuste, qui ressemblerait à un gros genévrier (et pousse aux mêmes endroits), j'en voyais vers 2000 mètres en Ubaye quand je cueillais du genièvre ; mais ça pousse peut-être plus bas.

Seulement, de l'huile de cade j'en ai pas ... j'en avais pas...

Comme pour la nigelle il m'a suffi de demander dans le voisinage !
La couleur sombre et l'odeur prenante de l'huile de cade m'ont fait penser à l'émouchine dont on zèbre les chevaux pour dégoûter les insectes. Un petit coup d'oeil dans les étagères, et j'ai trouvé de l'émouchine en gel et en applicateur.
Mais surtout un fond de bidon "émouchine forte (huile d'os - bone oil)", presque noire et qui pue bien. Pendant les foins j'en badigeonnais le bord de mon chapeau pour éloigner les taons (ça repousse aussi les jeunes filles, mais à mon âge ce n'est plus bien grave).

Même procédure (les mêmes lamelles, re-poncées) et même présentation, sans reflets en haut, avec reflets en bas :

11) témoin, pas d'huile, simplement le bleu "passé" (c'est bien le dessus de la lamelle, non exposé à la flamme),
13) huile de cade,
15) huile d'os (émouchine forte).



Résultats :
- L'huile de cade dégage effectivement une certaine odeur, et noircit nettement l'acier mais ce n'est pas régulier, et vient à mesure du frottage,
- L'émouchine est encore plus "odorante", avec pas mal de fumée (infiniment plus que les autres huiles). La couleur noire est beaucoup plus profonde et régulière, et paraît presque s'étaler d'elle-même. C'est pour l'instant le meilleur résultat, et de loin !

Resteraient à confirmer et préciser
a) La résistance aux frottements et abrasions, aux huiles et solvants, à l'oxydation.
b) La plage de température d'application, car les petites pièces chauffent et refroidissent vite ce qui rend difficile l'obtention d'une température exacte. Par ailleurs, beaucoup de pièces dures étant revenues à 300° il conviendrait de ne pas dépasser cette valeur.
c) Le mode d'application : le badigeonnage avec un chiffon imbibé est à première vue bien commode, mais frotter partout une pièce contournée (ne serait-ce qu'une vis) n'est pas commode, surtout assez rapidement pour conserver la température, et sans laisser de traces de pince. Le trempage paraît alors bien plus commode, mais on sait qu'une huile de trempe se dégrade vite (les composants les plus volatils s'évaporent, et la composition change ainsi progressivement). De ce point de vue le badigeonnage est plus régulier, car le reliquat d'huile chauffée est jeté avec le chiffon...

NB : les huiles de cade et d'os s'enflamment très bien, il ne faut donc pas approcher le chiffon de la flamme.

Bonjour
Pour l huile de vidange au tout début de mes essais en coutellerie je trempais mes essais avec j ai vite arrêté car cela créait une couche de calamine vraiment très dure à enlever même au bac stand.
Pour une pièce réalisée maison que l on veut noircir à l huile de vidange je dirai plus dans cet ordre la chauffe à température de trempe, trempe dans l huile de vidange, revenu, brossage et un coup d huile pour faire briller.

L'émouchine sur les moustaches, ce doit être le top,   

ou alors, c'est l'humour de Giono qui aimait bien glisser quelques petites inventions farfelues.
 Un "chicocandard", "l'iris de suse" qui est, dit-il, le marteau du tympan d'un minuscule passereau, sortez vos loupes !
Mais Niger, ça ne s'invente pas comme ça, il faut un lien, même pour une vanne.
Parce que, quand même, s'il y a des amateurs de la cosmétique XIX éme ou 1900, ils devraient avoir des pistes.