Fusil Chassepot

J'ai quand même quelques doutes sur le fait que cet usage des ballons soit plus qu'anecdotique. Et encore plus de doutes sur le fait que des observations de réglage de tir arrivent aux unités concernées avant que l'objectif ne soit hors de portée ou au contact ; d'ailleurs, pour transmettre encore eut-il fallu que le général sache où se trouvaient ses régiments (particulièrement en 1870).

Les nouveautés techniques sont souvent mises en avant d'une façon exagérée.
Par exemple on a beaucoup parlé du télégraphe Chappe, mais en 1815 un message Paris - Belfort arrivait plus rapidement s'il était porté par un cavalier, que s'il était envoyé par le télégraphe optique (ceci par beau temps, car par mauvais temps le message télégraphié n'arrivait jamais).

Il y a cependant eu plusieurs batailles importantes de la Guerre de Sécession où des ballons ont été utilisés.

Le tout premier usage d'un ballon pour régler le tir de l'artillerie sur un ennemi invisible du sol semble avoir été réalisé à Fort Corcoran par Lowe, chef aérostier de l'Union.

A noter que Lowe utilisait dès 1861 un télégraphe électrique depuis son ballon,  via un fil fixé au câble de retenue...

Aérostiers de l'Armée de l'Union à la bataille de Fair Oaks en 1862 :


Remarquer les générateurs de gaz mobiles inventés par Lowe pour rendre les ballons capables d'un usage tactique... (acide sulfurique + limaille de fer...)

Des ballons, z'avaient pas peur ! Gonflés à l'hydrogène en plus ! Au combat qui plus est, avec des shrapnell incendiaires qui pétaient en l'air (les obus chargés en PN, c'est toujours assez incendiaire).

L'échelle Gugumus était tout de même plus rassurante, non ?


Image Wikipedia.

Avec le gars qui se découpait bien sur le fonds leu azur, ça devait faire une chouette cible pour un teuton un peu doué 

Verchère a écrit:Des ballons, z'avaient pas peur ! Gonflés à l'hydrogène en plus ! Au combat qui plus est, avec des shrapnell incendiaires qui pétaient en l'air (les obus chargés en PN, c'est toujours assez incendiaire).

Ce n'est pas un hasard si les aérostiers ont été les premiers militaires à être dotés de parachutes dès décembre 1915...

157 utilisations entre mars 1916 et la fin de la guerre (dont 23 sauts de démonstration par Constant Duclos, un fusilier-marin, pour convaincre les aérostiers...). 

Les équipages d'avion français n'en auront pas, contrairement aux Allemands dès mi-1916...

Dans l'équipe de Lowe pendant la guerre de Sécession, il y avait un jeune Allemand nommé Zeppelin, celui des dirigeables !

BERTHIER a écrit:Avec le gars qui se découpait bien sur le fonds leu azur, ça devait faire une chouette cible pour un teuton un peu doué 

Quoique, c'est pas très facile de viser à contre-jour, et on ne visualise pas les impacts ratant la cible, pour corriger ; à moins que le type ne regarde le bruit de sillage (c'était une ancienne astuce de réglage, les types tournent instinctivement la tête vers un projectile qui passe tout près).

Pour revenir au sujet, il me paraît assez douteux qu'avec ces moyens d'observation collectifs, les informations sur la position exacte d'un détachement ennemi aient été acheminées à temps vers les unités élémentaires qui étaient au contact ; à fortiori pour le réglage du tir de l'infanterie, qui n'a toujours pu compter que sur elle-même...

Du moins jusqu'au téléphone portable, parce-que le C10 en écoute permanente pendant la progression, c'était pas commode (oui, j'ai encore connu cet engin et son légendaire "battement zéro", à Coët. J'aimais bien, on avait toujours l'excuse de n'avoir pas reçu les ordres, et il fallait régulièrement aller buller sur une crête pour attendre la vacation radio. En temps de paix c'est bien agréable ; en opération ça doit l'être moins).

Puisqu'on parle de l'intérêt des hausses graduées avec une portée phénoménale...

Je viens d'étudier un rapport d'expérimentation de 1903 (test de balles D allégées et à Vo plus élevée). Elles donnaient une meilleure tension de trajectoire jusqu'à 1000 mètres, puis la balle D reprenait l'avantage du poids.
Or ce qu'on recherchait c'était la meilleure tension de trajectoire à 1500 mètres, le critère étant la plage de distance sur laquelle la trajectoire touchait un panneau de 1.60 m de haut.
Ce qu'on peut aussi présenter comme la tolérance aux erreurs de réglage de hausse.
Donc clairement on recherchait le projectile susceptible de mettre un maximum de coups dans une silhouette à 1500 mètres ; et puisque certaines balles étaient meilleures que les autres, c'est bien qu'on y arrivait, à la toucher...

Bon, il ne s'agissait pas non plus de toucher à chaque fois aussi près que possible du centre. Plutôt d'avoir le pourcentage d'atteintes le moins bas possible.
Certes, de nos jours, en 338 LM et avec une bonne lunette, à l'entrainement c'est de l'ordre de 100%. Et ils en étaient loin, mais de là à monter aux cibles sans faire cesser le feu, il y a un pas que bien peu d'entre nous franchirait...