Restauration kropatschek 1886

Un petit partage concernant la restauration de ce fusil portugais fabriqué à Steyr en Autriche.

Il y a déjà eu des sujets consacrés à cette arme sur le forum avec des photos d'armes en super état. La mienne ne l'est pas mais je l'ai payé moins de 500 euros et comme j'avais envie de refaire un peu de restauration, cela me va bien.

Le bois est très marqué et présente des micro-fissurations au niveau de l'embouchoir et au niveau de l'arrière du boitier de culasse. Ce n'était guère visible dans le magasin. Ces fissures seront traitées et le bois bénéficiera d'un ponçage, le plus léger possible car il n'est pas bien épais à certains endroits (un défaut lié au magasin tubulaire), d'un bon coup de vapeur pour diminuer les enfoncements et enfin d'un ponçé huilé à l'orcanette (merci  Fcrozet )

Le canon est bon, sans piqures intérieurement, avec des piqures sans gravité en extérieur sous la ligne des bois. A la bouche il fait 8.08 mm et 8.40 mm ce qui est plutôt bien.

il sera totalement rebronzé et la culasse polie.

Le mécanisme est bon, mais toutes les têtes de vis sont massacrées. Il n'est pas au numéro, c'est plutôt une collection de n°. Cela ne pose pas de problème, preuve qu'en 1886, la standardisation des pièces était parfaitement maitrisée en Autriche.

Quelques photos de l'arme à la réception:

Hello; je vais suivre ton sujet....car j'aime bien les Kropa' .

Déjà le bois, le voici après ponçage, passage à l'acide oxalique (sel d'oseille) et à la vapeur.







Il reste quelques enfoncements que je laisserai comme cela car les pâtes à bois ne prennent pas bien la finition à base d'huile et je ne voulais pas utiliser une lasure.

En ce qui concerne les fissurations, je les ai traitées après dégraissage à l'acétone avec de la colle cyanoacrylate qui agit par infiltration. Photos avant collage.




Notez l’extrême finesse du bois autour du logement du tube


La fissuration arrière n'est pas profonde ni traversante mais elle m'ennuie un peu, bien que je ne tirerai pas des pleine charges, je la surveillerai et éventuellement je pourrai  placer un ou deux clous de laiton autour du trou de la vis pour renforcer cette zone et resolidariser la partie haute (fissurée) sur la base.

Je pense qu'avec de la AO et des balles H&N tu ne crains rien (et bravo pour le travail)

Beau travail sur le bois

Il commence à avoir une teinte sympa:

Ah, oui

LP a écrit:
En ce qui concerne les fissurations, je les ai traitées après dégraissage à l'acétone avec de la colle cyanoacrylate qui agit par infiltration. Photos avant collage.

Pour les fissures, je préfère utiliser de la colle à bois forte diluée à l'eau. 
Ça colle mieux les fibres de bois, ça devient invisible au séchage et après tout, c'est fait pour ça. 

La cyanoacrylate, c'est une colle cassante. Pas sûr qu'elle tienne quand les fibres de bois vont bouger.

oxi81 a écrit:

LP a écrit:
En ce qui concerne les fissurations, je les ai traitées après dégraissage à l'acétone avec de la colle cyanoacrylate qui agit par infiltration. Photos avant collage.

Pour les fissures, je préfère utiliser de la colle à bois forte diluée à l'eau. 
Ça colle mieux les fibres de bois, ça devient invisible au séchage et après tout, c'est fait pour ça. 

La cyanoacrylate, c'est une colle cassante. Pas sûr qu'elle tienne quand les fibres de bois vont bouger.

Oui mais pour l'arrière il fallait quelque chose d'ultra fluide et d'infiltrant car c'était vraiment de la microfissure et pas moyen de resserrer mécaniquement. 


La vidéo du produit, on voit bien le phénomène d'infiltration, c'est ce qui m'a décidé.
https://www.youtube.com/watch?v=578pEMWHd24

Bonjour,

La colle epoxy à 2 composants à prise lente va bien aussi, et si on la chauffe (+/- 50°) avec un séche-cheveux (celui de madame en son absence) elle devient liquide et transparente comme de l'eau, favorisant ainsi sa pénétration dans le bois. L'excédent de colle se nettoie très bien avec de l'alcool à brûler dés l'instant que la colle est encore liquide.

Pour les vis de charnières des portes en panneau de particules dont les fixations sont éclatées, je remplis de colle époxy à prise lente les "trous", puis je visse la vis de la charnière à fond, mais sans que la charnière soit installée. L'excédent de colle pas encore en prise se nettoie à l'alcool à brûler.
Le lendemain, je dévisse les vis, puis je mets en place les charnières dont les vis seront vissées dans un beau taraudage en époxy.
L'inconvénient, c'est que si les fixations viennent à éclater de nouveau le trou sera un beau cratère, mais il suffira de refaire la même opération et éventuellement de mettre un coup de peinture sur la colle visible.

Il faut aussi savoir que la colle époxy préparée dans un verre se mélange très bien avec de l'acétone, ce qui en fait un vernis époxy quand on l'étale/applique sur une surface quelconque.
Des essais sont à faire pour trouver la bonne dilution colle époxy-acétone.


Cdlt,
Diabolo

LP a écrit:

Oui mais pour l'arrière il fallait quelque chose d'ultra fluide et d'infiltrant car c'était vraiment de la microfissure et pas moyen de resserrer mécaniquement. 

La colle à bois diluée à la consistance de l'eau.
Avec une seringue, tu l'envoies n'importe où, même dans les microfissures. 
J'en mets à saturation, ça sèche et on voit plus rien. 

oxi81 a écrit:

LP a écrit:

Oui mais pour l'arrière il fallait quelque chose d'ultra fluide et d'infiltrant car c'était vraiment de la microfissure et pas moyen de resserrer mécaniquement. 

La colle à bois diluée à la consistance de l'eau.
Avec une seringue, tu l'envoies n'importe où, même dans les microfissures. 
J'en mets à saturation, ça sèche et on voit plus rien. 

La dilution devrait forcément affecter son pouvoir collant?  La cyanolit est donné pour 230kg au cm². En outre, j'ai toujours pensé (peut-être à tord) que la colle à bois demandait un serrage des pièces, c'est pour cela aussi que je l'avais écarté.

LP a écrit:

La dilution devrait forcément affecter son pouvoir collant?  La cyanolit est donné pour 230kg au cm². En outre, j'ai toujours pensé (peut-être à tord) que la colle à bois demandait un serrage des pièces, c'est pour cela aussi que je l'avais écarté.

Personnellement, aucun de mes collages à la colle à bois diluée n'a jamais lâché.
En fait, l'eau qui sert à fluidifier la colle s'évapore et il ne reste que la colle.
Il est aussi vrai qu'avec un serrage, c'est mieux.

oxi81 a écrit:...
En fait, l'eau qui sert à fluidifier la colle s'évapore et il ne reste que la colle.
....

On peut penser aussi qu'elle permet de s'infiltrer même un peu dans les fibres du bois.

oxi81 a écrit:...
Il est aussi vrai qu'avec un serrage, c'est mieux.

J'utilise parfois une corde, un lacet, pour réaliser ce serrage.
Parfois avec une cale, si une forme risque de se déformer sous la pression.
C'est faible, il n'y a pas beaucoup de pression, mais un peu quand même. Et ça permet de toute façon de réaliser un maintien.

Je crois que certaines colles à bois n'aiment pas être diluées à l'eau, mieux vaut faire des essais.
Et même non diluée la colle blanche s'injecte bien, à la seringue. Mais si l'aiguille est trop fine il faut appuyer très fort, parfois au point de plier le piston ; l'incident le plus fréquent est tout de même l'aiguille qui se déboîte, dans une giclée de colle (ce qui par réaction génère un son caractéristique qu'Hergé transcrivait phonétiquement dans le genre "{#!!@%##}&#!").

Pour ma part je préfère m'en tenir à la colle à bois, même si le pressage (toujours bien utile) impose parfois une préparation compliquée).
A noter que les bavures de colle à bois ne s'enlèvent qu'après la prise (sinon ça fait des taches) !

Le métal maintenant.

Le canon était piqué sous la ligne du bois, donc décapage mécanique puis neutralisation de la rouille située en fond de cratère avec de l'acide phosphorique pure appliquée au coton tige, rinçage, puis lustrage. Sur la boite de culasse, il reste des traces d'ancienne fleur de rouille mais pas question de trop poncer car le marquage central (la couronne) est déjà atténué donc il gardera ces anciennes traces.





Concernant le bronzage, j'étais un peu à court de super blue que j'utilise depuis toujours et je trouve un vendeur français qui le l'annonce en stock sur le site avec envoi sous 24 à 48 heures malgré le covid19, content je commande   après  réception du n° de suivi pour l'envoi, je constate qu'il part de Miami     bref pas près de l'avoir.... Donc je fais avec mon fonds de flacon, heureusement que ça ne consomme pas trop. Après 4 applications avec le cycle rinçage, laine d'acier, séchage voilà le résultat. Le métal à bien pris le noir sans que cela fasse trop neuf:

Beau début !

j'aime bien ces restaurations.

La quincaillerie est finie, le bois aussi. La teinte  correspond à ce que je voulais obtenir, elle résulte d'environ 10 couches d'huile de lin + essence de térébenthine+ racine d'orcanette et d'environ 10 couches de schaftol brun-rouge. l'intérêt de ce dernier est qu'il sèche vite grâce à un siccatif et donne cet aspect lustré. 

Je continue à suivre ce très beau travail...encore bravo !

Le fusil est remonté et le résultat final correspond à mes attentes. Une petite difficulté de dernière minute, le fait d'avoir poncé le bois même avec mesure a fait que les anneaux de serrages étaient trop lâches, il a donc fallu légèrement augmenter la capacité de pincement en agissant sur le jour au niveau de la zone de serrage.  

Il n'y a plus qu'à réaliser quelques cartouches et attendre patiemment la levée du confinement pour l’essayer au stand.

Superbe travail de restauration. Félicitations. Ces Kropa sont très agréables au tir, système très fluide.

Il est BEAU!   bravo en tout cas pour ce travail!

Belle restauration

Je pense que tu peux être fier du travail accompli; j'espère qu'il te le rendra bien en te faisant de belles cibles....le mien, pour lequel je n'ai pas fait tout cela, me comble cependant par sa précision et son agrément d'utilisation !