Martini Suisse

Dernière arrivée pour tenir compagnie à mes Vetterli dont elle partage le calibre: 10,4...percussion centrale dans son cas !

La voilà en entier, pour commencer, en bonne compagnie:

Rentrons un peu dans les détails:

J'ai essayé de faire une petite synthèse des amours entre la Suisse et ce système d'armes....
Dans les années  1862 Peabody dépose son brevet aux USA...mais trop tard pour que ses armes participent à la guerre de Cécession ! Du coup il se tourne vers l'Europe où ses modèles seront adoptés  un certain nombre de pays: La Turquie, la Russie, l'Espagne, le Portugal, la Suisse ...
Voici un fusil Peabody: (source internet)

De son côté la Suisse se sentant menacée par ses voisin décide de se réarmer rapidement dès 1865-1866 et étudie la possibilité d'obtenir très rapidement des armes à chargement par la culasse dans son calibre national le 10,4  qui était adopté depuis semble t'il 1851  pour la fameuse carabine fédérale, initialement à chargement par la bouche et ultérieurement modifiée à cartouche métallique annulaire selon le système Amsler-Milbank dont voici un exemple:(source internet)

La décision fut prise rapidement de faire venir des USA en un premier temps des armes Peabody qui semblaient excellentes ET rapidement livrables. Envoi d'un émissaire  début 67 pour acheter 15 000exemplaires, livraison octobre de la même année  avec 22 machines pour la fabrication des douilles métalliques et cartouches. Une partie des hommes était donc équipée et ces fusils furent longtemps utilisés jusqu'au point de remplacer leurs canons après usure.
Cependant l'ère de la répétition était survenue, et après un contact raté avec Winchester, ce fut une arme nationale, le Vetterli qui fut adopté "en grand" dès 1869 !
Un Vetterli:

Mais, revenons vers le système Peabody !
Bien qu'excellent, ce mécanisme utilisait un chien extérieur à armement séparé ce qui ralentissait énormément le tir....
Un ingénieur Suisse réputé, Friedrich Von Martini , réussit à améliorer le système en équipant la culasse d'un percuteur à ressort et à armement automatique : c'est ce système qui équipe la carabine présentée ici...et aussi et surtout les célébrissimes Martini-Henry Anglais adoptés en 1871 et dont le mécanisme est strictement un Martini-Peabody....Henry n'étant que l'inventeur d'un type de rayure spécifique pour le canon équipant ces armes.
Un Martini- Henry: (internet)

Voilà pour le rapide historique des Martini Suisses et leurs filiations !
Il faudrait continuer cette saga en se dirigeant vers les Martini-Francotte encore améliorées...qui allaient devenir Anglaises, et BSA en particulier, après achat des droits à Francotte !
Peut être un autre membre souhaiterait il prendre alors le relai
Un mécanisme Francotte (internet)

Dans les photos notées "sources internet" il en est venant de TCAR....puissent les membres me pardonner ces emprunts innocents 

Magnifique !
Je note au passage que ce Martini ne possède pas les crosses "tourmentées" ni le "champignon" (à moins de trouver le filetage sous le fût ?) habituels des armes de Tirs helvètiques.
D'un autre coté il ne semble pas permettre de fixation pour une baïonnette ;accessoire indispensable d'une arme militaire.
Se pourrait il que nous soyons en présence d'une arme de chasse permettant à son heureux propriétaire de se présenter honorablement aux stands ?
Tu as de plus le nom de cet heureux propriétaire;Joseph GAUDIN. Je n'ose rêver qu'avec internet un membre helvétique  puisse le retrouver en sachant ou chercher ? (registre de tirs ?)

Hello !
Non, pas de trou sous le devant....
La crosse est bien prévue pour le tir, avec son olive supérieure réglable (pouvant être sortie d'environ 7 cm) permettant de mieux tenir sur l'épaule.
Il serait intéressant que nos amis Suisses puissent nous dire dans quelles épreuves précises ces armes étaient utilisées....

Bonjour,
J'ai suivi vos échanges très intéressant car je possède depuis 1 semaine, ce qui me semble être une carabine Suisse, fin XIX°, à canon lourd, octogonal et flûté, calibre 22 et bloc tombant Martini. Elle pèse un max, crosse tourmentée comme le peabody,...J'image que c'est une arme de tir de précision, utilisée en concours ou JO ? Auriez vous des infos sur cette carabine ? Je ne peux pas encore envoyer de photos, désolé,...
Merci

CLOSDELIF a écrit:Hello !
Non, pas de trou sous le devant....
La crosse est bien prévue pour le tir, avec son olive supérieure réglable (pouvant être sortie d'environ 7 cm) permettant de mieux tenir sur l'épaule.
Il serait intéressant que nos amis Suisses puissent nous dire dans quelles épreuves précises ces armes étaient utilisées....

Aïe, presque un sujet de thèse.
Les différents passent ont porté et portent encore les noms les plus divers et donnent droit à des prix divers. Et se tiraient sur des cibles diverses, notamment de couleurs différentes - rouges, jaunes, blanches -, des tailles différentes ou à des distances différentes, ainsi qu'à des positions différentes... selon que le tir se faisait aux armes d'ordonnance ou aux armes privées telles que cet Martini.

Lors du premier tir fédéral de 1824, il était dit:
- le tir se fait avec la main non appuyée, avec un fusil crossé à droite et sans aide à la visée;
- la distance est de 540 pieds bernois (!?!?) sur des cibles dont le visuel noir est de 15 pouces bernois (!?!?) (à cette époque, chaque canton avait ses mesures, ses poinds et... sa monnaie);
- il y a des cibles tournantes, dont le visuel est de 3 pieds;
- il est aussi dit qu'il est interdit de parler aux cibarres, de se rendre aux cibles, ou de leur envoyer du vin ou des liqueurs 
- les coups sont divisés en 5 classes: centre, 3/4, 1/, 1/4, bord.

Durant le XIXème siècle règne un gros désordre. Les cantons ont beaucoup d'indépendance et les tireurs de tout le pays ne se retrouvent que lord des tirs fédéraux où on applique un peu les règles cantonale.
a partir de 1850 environ, il y a même une scission entre les tireurs aux armes militaires et les tireurs aux armes privées.


En 1874 au tir fédéral de St-Gall, il y avait des cibles à 1500 pieds (mais je ne sais pas quel pied, saint-gallois sans doute) et à 1000 pieds ainsi qu'à... 450m.
On tirait couché, à genou et debout

En 1910, à Berne, cela se tirait uniquement à 300m, aux 3 positions, sur des cibles de 1m de diamètre divisé en 10 cercles, soit dont les cibles d'aujourd'hui.

Les innombrables gravures et image que j'ai vues me laissent à penser qu'ils étaient alors TRES imaginatifs dans la manière de faire des cibles.

Ce qui est sûr, c'est qu'avant 1900, on tirait plutôt au-delà de 300m; 450 m est une distance qui revient souvent. On comptait plutôt les touchés voire même la dimension de la dispersion, calculée en degrés ! A partir de 1900, on est plutôt à 300m sur ces cibles dites A, 1m de diamètre, dont le noir mesure 60cm de diamètre. On compte les coups sur des échelles de 5, de 10 ou de 100 points.

Intéressantes, toutes ces infos.
& :

Baccardi a écrit:...
- il est aussi dit qu'il est interdit de parler aux cibarres, de se rendre aux cibles, ou de leur envoyer du vin ou des liqueurs
....

à égayé ma soirée!  
 

Bonjour !
Après un retour en France je découvre avec joie la magistrale intervention de notre ami Baccardi clarifiant bien les choses...
Une question importante subsiste donc dans mon esprit : Le calibre pour ces tirs "fédéraux" (?) était il impérativement le 10,4 réglementaire du Vetterli, malgré la séparation des civils et des militaires à l'époque considérée ?

CLOSDELIF a écrit:Bonjour !
Après un retour en France je découvre avec joie la magistrale intervention de notre ami Baccardi clarifiant bien les choses...
Une question importante subsiste donc dans mon esprit : Le calibre pour ces tirs "fédéraux" (?) était il impérativement le 10,4 réglementaire du Vetterli, malgré la séparation des civils et des militaires à l'époque considérée ?

La GP90 et le SR89... sont donc arrivés vers 1890.

Or, depuis les carabines fédérales modifiées et les Vetterli, le calibre 10.4 devait faire la loi.
Faut que je me replonge dans quelques lectures...

Merci....nous avons le temps: l'essentiel est de progresser