Du plomb de butte à volonté .

Voila des années que l'on devait s'y coller .
Puis le club décide de refaire les pare-balles mangés par nos termites locaux voraces , ces cailleras de carias . C'est l'occasion ou jamais de récupérer le plomb de butte .
Un ami couleur a une bonne idée : il découpe le fond ( 60 cm ) d'un cumulus de salle de bain et fait un cylindre du corps  auquel il rajoute 4 pieds costauds .
Le fond ( ou le haut ? ) amovible s'emboîte parfaitement sur ce cylindre dont il est issu  . Et comme c'est presque une sphère ça devrait être efficace pour la répartition de la chaleur .
Les flammes du feu n'ont d'autre choix que de venir lécher le cul du chaudron ; non pas toi Obélix !
C'est la copie de mon creuset fait à partir d'une louche de restauration collective ( déjà vers les 15 kg ) , mais en bien plus grand . Il a calculé la hauteur des pieds pour pouvoir passer dessous les bois des pare-balles démontés .

C'est un club de la police ; les 2 buttes sont saturées de balles caoutchouc anti-émeute et les pneus déchiquetés à la longue ont laissé un magma informe de morceaux de carcasse d'acier mélangés aux balles , bois de porte-cible , gravier  .
Quelle galère !
Il a bien fallu 2 h de chauffe de l'enfer pour faire fondre le plomb en improvisant un écran contre la chaleur , pas moyen d'approcher sinon  ; les 3/4 du volume sont des déchets évacués par une écumoire à frites ; ça fume , ça pue le caoutchouc brûlé , mais ça fini par nous donner des dizaines de lingotières .

Surprise : il y a de tout dans ces buttes , du plomb pur ( le mien ) , des balles coulées , des balles cuivrées , mais surtout des balles chemisées du commerce .
La surprise c'est que je m'attendais à un aloi de dureté moyenne , genre 6/7  Saeco , soit ( de tête ) du 1:20 et proche du Lyman n° 2 .
Et bien non , c'est plus mou , autour de 4/5 Saeco .
Par contre c'est souverain pour les balles WC à jupes des Manurhin " Match " .32 et .38 .
Pour d'autres usages on rajoutera de l'étain .
Si vous avez de l'antimoine de suis preneur .

tu aurai du prendre des photos...
Je pense que le plomb à l'intérieur des chemisées est plutôt pur
et le plomb du 10 mètre?

Ah oui, la couverture photo ! On doit pas voir ça tous les jours !

Le plomb du 10 m je le récupère comme plomb pur ( 0 à 1 sur mon testeur SAECO ) pour mes nombreux calibres PN .
La dernière fois , surprise , un peu plus dur , vers 2-3 .
Comme quoi rien n'est figé .

c'est là qu'on voit que la fonte c'est tout un art, de gestion surtout !
perso j'ai des lingots (lingotière RCBS) et j'ai rien marqué 
du plomb de butte, de tuyau, de batterie, de tuyau encore, de chute de couverture de toit...
je sais que j'ai fais des lots à chaque fonte de lingot, mais ça s'arrête là !
un tripatte, une grande vieille casserole en fonte, ça font à une vitesse ! une écumoire pour enlever les déchets qui remontent; une louche, parce que les premiers lingots, la casserole est trop lourde pour la porter et verser ! un lingot fait de mémoire autour de 400 gramme (souvent plus)
pour faire les projectiles j'ai un petit creuset (LEE ?) posé sur un camping gaz et la petite louche ad hoc; je viens de m'acheter un thermomètre (chez LIDL) électronique, puisqu'un des secrets pour bien faire, serai dans la constance de la T°...

Jugulaire-jugulaire , on ne change pas les rayures du zèbre , d'où :
- chaque reliquat d'une nouvelle fonte ayant fourni des balles est marqué ; les lingots sont  frappés au jeu de lettres ou de chiffres d'un PP par exemple pour plomb pur , une autre frappée d'un 10  pour sa dureté SAECO ( en Brinhell il faudrait frapper LINOTYPE , c'est trop long  ) .
Avant j'y mettais un carton ou une inscription au feutre , moins durables .
Les écrits s'effacent , les gravures restent .
De tout façon ce n'est qu'indicatif car la dureté varie , surtout dans le temps , et selon la composition de l'aloi .
A chaque nouvelle fonte , après fluxage et aloi à bonne température , je coule une balle WC qui est mesurée de suite au testeur SAECO , avec rajout d'étain si nécessaire . ( Mais je ne trouve toujours pas d'antimoine )

Le thermomètre est utile mais à mon avis  pas indispensable ; j'ai depuis peu un US en degrés Fahrenheit qui correspondent au four RCBS .
Au début on s'amuse de voir la température chuter brusquement quand on y jette les rejets de guillotine .
Ça ne manque pas ; quand le témoin se rallume on peut être certain que l'aloi vient de refroidir ; avec un peu d'habitude on le confirme au débit et à la coulée , moins liquide qu'à bonne température .

On se sent tout petit...
J'ai opté pour un four électrique il y a 6 semaines pour mes débuts...Le camping gaz, trop stressant à gérer.
Mes lingots ? Ben, j'ai offert le premier à ma tendre comme presse-papier

un lingot peint à la bombe en doré : c'est rigolo !

Gros boulot !
Sous cette forme, strictement interdit chez nous ! Un tel "nettoyage" ne peut être réalisé que par des entreprises spécialisées dans la décontamination. La terre polluée est traitée et je peux vous dire que ça coûte une très grosse blinde 

J'ai vaguement l'impression qu'en métropole, ce serait chaud aussi.... Nos pandores sont moins arrangeants, chez vous la hiérarchie est...plus pragmatique

... ça coûte une très grosse blinde 

Faut faire des études de marchés! => http://www.plombecologic.com/fr/

Baccardi a écrit:... Un tel "nettoyage" ne peut être réalisé que par des entreprises spécialisées dans la décontamination. ...

Vingt dioux ! Ici, ancienne région de mines de plomb, chaque chantier de terrassement serait un beau cirque, alors. Et que dire de l'uranium qui y est mélangé (en très petites quantités, certes)... Je vous rassure, l'eau captée au fond des anciennes mines de plomb est tout à fait potable du point de vue plomb et uranium ; l'arsenic pose plus de problèmes.


Dans la refonte de plomb de butte, il est possible que si la soupe a trop mijoté elle ait perdu une partie de son étain, oxydé et enlevé avec les crasses.
Quand à se procurer de l'antimoine, c'est sans doute pas facile (et peut-être plus toxique que le plomb).

Pour ma part, je lingote sur la forge, au charbon de bois. Et quand je verse dans le creuset 12 à 20 kg de plomb j'ai tout juste le temps d'aller écluser une tasse de café à l'autre bout des bâtiments ; si je m'arrête pour pisser, quand je reviens la soupe est au rouge.
Impossible de soulever ce creuset à bout de bras, alors j'ai un système avec levier et point d'appui pour tout verser dans une lingotière (poids de 15 à 20 kg pour lester les bagnoles l'hiver), ou réparti dans 3 de ces lingotières (lingots de faible épaisseur, découpables à la cisaille). Lingotières fabriquées avec du fer en U de 100.
Ensuite, quelle que soit la destination, pour chaque coulée (1 lingot épais ou 3 minces),marquage aux chiffres à frapper : lettre code indiquant sommairement l'origine du métal et un numéro de coulée sous forme de "date inversée" (genre AAMMJJ) suivi d'une lettre A, B, C, etc. numérotant la coulée dans le jour (je suis une fois monté jusqu'à E, soit 5 coulées de 12 kg d'affilée).
Le test de dureté est ultérieur (et pas systématique), et peut-être noté sur papier en relation avec le numéro de coulée. Chaque variante de rechargement se réserve une coulée entière, donc quand celle-ci est affectée le calibre est poinçonné sur les trois lingots pour éviter les méprises.
Les chutes et reliquats servent à faire des mordaches, massettes, contrepoids et scellements...

Ma butte de tir perso ne sera pas bien productive : servant principalement aux expérimentations de balles TPM, on y trouvera surtout du laiton et du cuivre, beaucoup moins faciles à refondre.

Baccardi a écrit:Gros boulot !
Sous cette forme, strictement interdit chez nous ! Un tel "nettoyage" ne peut être réalisé que par des entreprises spécialisées dans la décontamination. La terre polluée est traitée et je peux vous dire que ça coûte une très grosse blinde 

On a un vrai problème environnemental ; les pneumatiques sont déchiquetés et contiennent encore beaucoup de balles incrustées .
La déchetterie ne les prendra pas .
Ils sont stockés à l'air libre et donc vont se remplir d'eau à la prochaine pluie ; tropiques ici , 32 ° au stand , moustiques , chikungunya , dengue .
On fera venir l'appareil tueur .

Pour le tri des balles : on avait 2 masques type pompier , efficaces . Le copain les avait achetés pour un chantier - peinture spécifique et dangereux .
Vêtements plombés mis en sac et lavés à part , vêtements propres , mains et bras lavés façon chirurgien avant de prendre le volant , chaussures laissées au garage , douche sérieuse à la maison .
La plombémie j'ai donné , suivi trimestriellement par la médecine du travail .

deGuers a écrit:... les pneumatiques sont déchiquetés et contiennent encore beaucoup de balles incrustées . La déchetterie ne les prendra pas . ...

Tu les recycles toi-même,  en les re-plaçant à l'intérieur de la butte. Le déchiquetage continuera et finira par libérer le plomb. Certes la butte s'enrichira progressivement en caoutchouc, mais y-en a bien un qui un jour réglera la question en tirant mégardiquement une balle au phosphore...
Il faudra alors avoir prévu une rigole tout autour de la butte, pour collecter le plomb qui s'écoulera et formera un grand anneau circulaire en se solidifiant.

Et puis s'ils se remplissent de Chicounemachichose, c'est qu'ils sont pas encore si déchiquetés que ça : faut leur en remettre quelques rafales.

Il faut bien une récompense à tous ces efforts et prise de risque ; avec un copain ( allemand naturalisé français ) , on a rejoué le chemin des Dames .
Lui à gauche du four RCBS , moi à droite .
L'un équipé d'un moule 4 cavités en .38 WC , l'autre du même en .32 WC. Deux merveilleux moules slovènes pour jupe creuse .
Louche " restauration collective " sur le gaz , (  à raz bord , 12 kg ? ) d' aloi fondu et préparé ( nettoyage , fluxing , dureté ) ; une petite louche pour transférer l'aloi dans le four tout proche , four en attente déjà en température ( 600 ° F , au maxi ) .

S'en suit un ballet bien rodé ; l'un coule , l'autre démoule ses balles . Chacun dans sa tranchée .
Avec notre aloi pré-épuré et un fluxing régulier pendant le travail , en rechargeant 1 fois le four presque vide , en perdant un peu de temps parfois avec la buse qui ne pissait pas bien ( clou tenu par une pince étau pour enlever la paillette de crasse qui bloque ) , un autre pour boire une bière fraîche , le temps passé a été estimé à 2h30 de travail intensif .
2133 balles .
On ne les a pas comptées mais pesées ; sachant leur poids individuels c'est une simple division .
Nous sommes contents ; à 3 tireurs pour se partager le butin , il y a de quoi tenir quelques semaines .

On ne veut même pas imaginer le prix payé si l'on avait acheté des balles WC du commerce , Lapua ou H&N ; au prix du port par la poste d'un seul kilo sur la Réunion .

Lui il jouait la Sarre , moi l'Alsace et la Lorraine ; finalement on a décidé que c'était match nul .

Je n'avais fait le calcul en poids :
environ 1100 balles de .32 à 6,43 g ( 99 grains ) + 1100 balles de .38 à 9,40 g ( 145 grains ) = à la louche , plus de 17 kg de plomb .

après tout cela reste dans le "sujet" :
vous "fluxez" comment ?
Quelqu'un fait'il la méthode de la pomme de terre ?
Une demi patate au bout d'une fourchette on plante et on tourne dans la potion.

Des balles réformées de tous calibres que je garde et que je graisse , jetées en cours de fonte dans le four .
Du Marvelux au Dipper .
Une cuillère à soupe sur laquelle j'ai enroulé un plat de plomb pur en guise de manche ; ça protège bien mieux de la remontée de chaleur qu'un manche en bois .

Pour la louche " cumulus " grande capacité et la louche " cuisines collectives " , une bonne rondelle de bougie et une longue cuillère pour remuer .

Je "fluxe" classiquement avec de la "bougie", en général. et bien entendu, je fais bruler le "mélange gazeux" qui se dégage lors de cette opération (un de ces "briquets" à long nez, comme on en trouve maintenant partout est parfait pour cette opération).

A mon avis, le but du "fluxage" est essentiellement de faire remonter les "impuretés" à la surface, recueillies avec une cuillère, tout simplement.

Mon four LEE est équipée d'une "buse" à sa partie inférieure (du "classique", quoi) , et ça fonctionne très bien.


Le résultat, en tous cas, me convient, et je ne vois pas trop de raison de (me)  "compliquer" les choses :

petite question au passage: c'est quoi la plage de température à respecter pour avoir une bonne coulée (plomb pur) 

Plus le plomb est pur , plus la température devra être  élevée pour bien le liquéfier .
Rhéostat au maxi pour commencer ; en cours de fonte je n'y touche pas .
Il est vrai que mon Pro-Melt tutoie les 40 ans .

Ce petit creuset Lee , avec des boulets de 500 grains à couler , doit pas faire longtemps , non ?
Jamais pu travailler avec des gants ...

Une raison de plus pour couler à base de lingots, on peut réalimenter plus vite, non ?
Et, à mon humble niveau, ça permet aussi de partir d'un four parfaitement propre, ce à quoi je ne suis jamais parvenu après avoir fait mes lingots...
Subsidiairement, tant qu'on y est, comment éliminez-vous la merde que vous avez râclée, qui reste quand même riche en plomb, même si j'en ai fait refondre une bonne part ?

J'aime bien un "petit four", justement. C'est pratique et pas encombrant.


Il faut bien entendu l'alimenter en "plomb" régulièrement, mais ça n'est pas un problème, je trouve.

Quand le four est "bien" chaud, les lingots ou les "tronçons" de canalisation fondent très vite.


Nous coulons généralement à deux: un qui tient le moule et "coule", l'autre qui s'occupe de l'intendance (approvisionnement du four, fluxage, état de la buse,...), puis on permute.


Les gants, on s'y fait vite, et on finit par ne plus y penser.


Les "scories" récupérées à la louche/cuillère sont déposées sur des chiffons posés dans/sur un carton (on en voit un peu sur la dernière photo, en bas à droite). Après: poubelle quand c'est froid.

En fluxant et "écrémant" comme il faut, je ne note pas beaucoup de "trace de plomb" dans les scories, et donc pas de "récupération" de ce coté là.

Pâtre a écrit:

... ça coûte une très grosse blinde 

Faut faire des études de marchés! => http://www.plombecologic.com/fr/

Je n'aimerais pas polluer ( ) le sujet avec la vision helvétique de l'assainissement...
La première mesure ici consisterait à installer des piézomètres afin de définir l'étendue, la profondeur et la nature de la pollution.

Ensuite, toute la terre polluée doit être évacuée pour traitement. La proposition de cette entreprise ne serait possible que pour autant qu'on soit en présence d'une pollution légère ET qu'il n'y ait aucune menace pour l'eau.

Par contre, la gratuité évoquée est inconnue (pas d'argent pas de suisse disait-on chez vous... c'est toujours vrai  ).

Le tir dans des pneus ou dans une butte naturelle est interdit. Seuls sont encore admises les buttes munies de récupérateurs/pièges à balle à plusieurs milliers de francs la pièce et qui nécessitent un gros travail. Par contre, ceux qui voudraient récupérer le plomb peuvent le faire à la louche... c'est presque "propre". On nous rachète ces déchets 0.10 franc/kg.

Baccardi a écrit:...
Par contre, la gratuité évoquée est inconnue
...

Il y a une évaluation des possibilités de récup'.
C'est pas "gratuit": Ils récupèrent le plomb, afin de commercialisation.