Ma belle fédérale 1851

Chers amis tireurs et collectionneurs du forum, voici une carabine fédérale 1851 récemment trouvée à la Bourse d'Antony.



De l'autre côté :


Ce n'est pas la première de ce forum, mais c'est surement la plus jolie.

Voici un petit reportage.

La platine, juste bronzée n'a aucun marquage :


Un seul cran d'armé.
On remarquera l'excellent état des pièces de la platine :


Le logement de la platine. Encastrement hyper serré :


Une jolie étoile en marqueterie vient décorer la monture. On retrouvera ce motif plus loin.


Le stecher. État neuf :


Le canon est en acier (Stahl), long de 84 cm, son épaisseur variant de 27 à 21 mm de la culasse à la bouche.
Il pèse 2,760 kg, de forme octogonale sur 15 cm à la culasse, puis ronde jusqu'à la bouche.
Le 'tube' porte-baïonnette est soudé à droite de la bouche.
Le canon porte un guidon et une hausse arrondie, éléments posés à queue d'aronde, donc réglables en direction.
Sous le canon, deux pontets soudés permettent de le fixer à la monture via deux clavettes plates.
L'arrière de la culasse est prolongé d'un fort crochet destiné à se fixer dans une fausse culasse vissée à la monture.

Voici quelques vues du canon.

Les rayures. Restées nettes et bien profondes, mais ... beaucoup de crasse qu'il reste à retirer :


Le guidon et le tube porte baïonnette. Le bronzage est un peu atténué :


La hausse réglable donnant les distances de 200, 400, 600, 800 et 1000 pas avec repères intermédiaires de 50 pas :


Sous la planchette de la hausse on voit le poinçon BF couronné. Il s'agit du poinçon des armuriers BEURET Frères de Liège en Belgique, fabricants de fusils à percussion, notamment ... pour la Suisse.
Le chiffre 2 se retrouve sur différentes pièces de la carabine.


La bouche du canon.
À noter la forte épaisseur des parois et le tube à baïonnette sur le côté.
Dessous, la tête de baguette car, ne l'oublions pas, c'est une arme à chargement par la bouche :


Le canon porte la signature de ZOLLER au niveau du tonnerre.
Sur le site Littlegun, on apprend que Zoller A. était armurier de 1851 à 1869 à Frauenfeld, dans le canton de Turgovie, où il fournissait des carabines de récompense pour les prix de tir.


Autre marquage sur le canon, le poinçon GS:STAHL juste devant la hausse :


La monture est d'une seule pièce en bois fortement nervuré d'un très beau veinage. L'effet décoratif est manifestement recherché, mais pas que. En effet, le veinage suit la pente de la poignée, assurant ainsi une solidité optimale.
La partie droite de la crosse possède la même étoile que la contreplatine :


La plaque de couche à crochets est faite d'un fer qui a pris un aspect gris grumeleux, ça ressemble à la parkérisation de mon MAS 36.
L'ajustage est très serré :


Les pièces de sous garde portent le poinçon BF couronné de Beuret Frères :


Le détail des goupilles de fixation, mais aussi le ressort à cuiller servant à retenir la baguette dans son canal et l'empêcher de balloter bruyamment. Les deux vis à tête fraisées qui retiennent le tube-embouchoir de la baguette :


L'embouchoir protège le bout de la monture et assure le positionnement de la baguette.


La baguette est munie d'une bague destinée à limiter son enfoncement dans le canon.
Intérieurement, le canon mesure 79,7 cm. La longueur utile de la baguette est de 75 cm.


D'un diamètre variant de 8,4 à 7,7 mm, la baguette est munie à demeure d'un insert en laiton long de 6 cm et large de 9,6 mm.


La monture de la carabine a reçu un décor sculpté de trois feuilles :


et aussi un quadrillage magnifique au niveau de la prise de main du devant :


Cette arme, décorée avec goût, reprend toutes les caractéristiques de la Carabine Fédérale d'ordonnance, celle qui était distribuée aux Jäger de l'armée Suisse.

La signature de ZOLLER, le poinçon GS:STAHL, les étoiles en marqueterie, les feuillages sculptés ... ceci n'est pas une arme ordinaire, mais une arme spéciale.
L'excellent état de la monture, à peine éraflée à la crosse, montre que l'arme a été peu utilisée, et toujours avec respect.

Tous ces éléments me font penser que cette carabine est probablement une arme de récompense. 

Assemblée chez Zoller sur la base d'une carabine d'ordonnance, on a conservé certaines pièces d'origine belge (poinçons BF) et remplacé le canon et la platine par des productions locales. La monture a été faite à part avec un bois sélectionné.

Reste à vous donner les mensurations de la belle. 
Une arme faite pour les grandes et fortes mains des hommes des montagnes. Pas un poids plume, en tout cas :


Voila.


C 'est une nouvelle arme suisse dans ma collection ! 

Mais surtout, c'est une Fédérale. 
J'en voulais une depuis longtemps. 

Bien entendu, il va me falloir le moule pour sa balle si particulière. 
Car je veux tirer avec cette arme, le 50 mètres et le 100 aussi.
Il faudra que je comprenne comment on nettoie une chambre rétrécie sans perdre l'écouvillon ...
Il faudra aussi une cheminée de rechange.

Y a du travail en perspective !

À bientôt !

Magnifique arme, ...et magnifique présentation !

Merci St-Etienne  

Une belle trouvaille et un beau travail de présentation avec les bonnes photos qui montrent bien ce qu’on a tous envie de voir. 
Bravo, merci, respect  et surtout : félicitations pour cette belle pièce !

Bien que ce ne soit pas mon domaine de prédilection, je trouve cette carabine splendide. Merci pour la présentation

Belle acquisition!

Il est possible que l’arme fut embellie suite à son départ de service.

Concernant le piston je pense que la meilleure solution est de te trouver un tourneur qui peut te faire des copies. Pour le moule il faut avoir du bol est trouver un moule d’origine ou tester simplement. Voici le croquis de la balle Büholzer d’origine qui fut chargée dans son enveloppe de cartouche.

Merci pour cette très belle présentation; la carabine Fédérale est une arme magnifique (que j'affectionne particulièrement)

Dépendant des dimensions de ton canon, ce moule pourrait convenir:

https://www.hensel-giesskokillen.de/aid-495-Langgeschoss-mit-Hohlboden.html#content

La charge réglementaire était de 4g.

Beurk… 

Je rigole, je suis un peu envieux, non en fait très envieux 
Magnifique 

Je ne partage pas forcément l’avis de Fabian et penche plutôt pour une réalisation privée. N’y-a-t-il pas au moins un poinçon militaire quelque part?


Sous la hausse par exemple?

Baccardi a écrit:Beurk… 

Je rigole, je suis un peu envieux, non en fait très envieux 
Magnifique 

Je ne partage pas forcément l’avis de Fabian et penche plutôt pour une réalisation privée. N’y-a-t-il pas au moins un poinçon militaire quelque part?

Sous la hausse par exemple?

C'est aussi mon avis.
Je pense que si c'était une carabine d'ordonnance juste "embellie" chez Zoller, on aurait au moins un matricule et les poinçons de vérification.

La carabine n'a aucune marque militaire ni poinçon sur le canon ni sur la platine, ni sur la monture.
Ni aucune marque de canton. 
Même sous la hausse.
Pourtant, j'aurai bien aimé ...

Je pense que cette carabine est de fabrication entièrement neuve chez Zoller, qui s'est fourni auprès de Beuret pour les pièces de base.
Car le canon GS STAHL n'est pas de fabrication belge (on n'y parle pas allemand), mais bel et bien suisse.

Zoller était un armurier connu pour ses armes de récompense. 
Il est donc logique de penser que cette carabine est une arme de récompense.
En tout cas : merci de ces retours ! 

Les Suisses achetaient aussi beaucoup de canons en Allemagne voisine.....

GS:Stahl pourrait aussi indiquer Gussstahl - Acier fondu

Fabian23 a écrit:GS:Stahl pourrait aussi indiquer Gussstahl - Acier fondu

Oui, c'est ce que je pense aussi et avais suggéré sur un autre forum (Paléo)

Est-ce que quelqu'un saurait m'indiquer comment et où trouver des cheminées de rechange ?

Pour petite capsule ou grande, peu importe, mais qu'on puisse visser sur la masselotte de la carabine.

À bientôt

Très belle Fédérale et avec une baguette origine ce qui n'est pas si courant car souvent il y a une 1864 à la place ce qui est un avantage si on veut jouer sur la quantité de poudre et dépasser la capacité de la chambre réduite.
Je suis du même avis que Baccardi. C'est une réalisation privée sur la base des composants que fournissait Beuret Liege et un canon CH. L'absence de poinçons militaire et du canton sont sans appel. Il n'y a pas non plus de baio ce qui est logique puisque non militaire mais bon comme elle ne sont pas numérotée.
En contrepartie tu as une arme d'une finition et de qualité d'assemblage supérieure avec un bois magnifique.

Très belle arme

La chambre réduite ne sert pas à contenir toute la charge, il ne s’agit pas d’une culasse Delvigne. Il était considéré que confiner la première partie de la charge dans une chambre donnait lieu à une meilleure combustion (patent breech en anglais). Par contre il est vrai que avec la baguette à butoir la balle réglementaire ne touche pas la poudre, ceci aussi est exprès car il était cru qu’un petit espace entre la charge et la poudre était une bonne chose.

Fabian23 a écrit:La chambre réduite ne sert pas à contenir toute la charge, il ne s’agit pas d’une culasse Delvigne. Il était considéré que confiner la première partie de la charge dans une chambre donnait lieu à une meilleure combustion (patent breech en anglais). ...

Même chose sur les pièces d'artillerie françaises "de l'ordonnance de 1732" ; pas toutes mais au moins certaines. C'était une plaie pour charger correctement, et encore plus pour nettoyer, et ça a plus tard été supprimé en réalésant au plein calibre jusqu'au fond de la chambre.
Idem sur les mortiers en bronze de la fin XVIIIe, qui n'ont pas été réalésés et utilisés tels quels jusqu'à la guerre de 70 (les nouvelles fabrications du XIXe étant du type "à la Gomer", à chambre tronconique plus rationnelle ; c'est ceux-là, qui furent encore utilisés en 1914).

Le "vide d'air" n'était-il pas comblé par le papier froissé de la cartouche, afin de maintenir la poudre au fond ?

J'en apprend beaucoup de votre érudition.  
 

J'en étais resté aux culasses rétrécies système Delvigne destinées à forcer la balle à coups de baguette. 

Quand au "vide d'air" entre la charge et la balle, on ne craignait pas une surpression ?
Ne prend-t'on pas soin de bien siéger le projectile sur la charge ... justement à coups de baguette ?

Autre chose :

Que pensez-vous de ce "fusil de montagne"
https://www.naturabuy.fr/fusil-montagne-percution-poudre-noire-canon-raye-stetcher-excellent-etat-annee-1858-item-9762862.html

À bientôt

C'est pour ça que je suppose qu'on y bourrait peut-être le papier de la cartouche, quoique ça puisse être source d'irrégularités.

Mais les risques du "vide d'air" me paraissent bien loin d'avoir été soigneusement étudiés et quantifiés ; tout au moins ces études seraient peu connues...
En tous cas un peu de vide ne nuit pas (la question étant de définir ce "peu") ; et en artillerie, à la fin de l'époque poudre noire on chargeait délibérément avec un gros vide d'air afin d'abaisser le pic de pression. Mais la poudre était toujours à un emplacement invariable, n'occupant qu'une partie du diamètre de la chambre et, si la charge était trop courte pour occuper toute la longueur, plaquée contre la culasse par des tubes en carton placés entre le sachet de poudre et le culot de l'obus.
Ce calage en longueur étant toutefois peut-être plus destiné à caler l'obus "planté" contre les rayures, ce qui était absolument impératif (on le coinçait dans le départ des rayures d'un bon coup de refouloir, mais il ne fallait surtout pas qu'il puisse redescendre légèrement en pointant sous un angle élevé).

Je ne sais toutefois pas dans quelle mesure on peut transposer d'une pièce d'artillerie à une arme portative : la pièce d'artillerie, une fois chargée on ne la secoue pas dans tous les sens !
C'est pas une question de résistance des tubes : le 120 Long (en acier, soigneusement fretté*) pouvait monter à 2400 bars, le 138 De Reffye était issu d'un vieux canon de 16 (initialement lisse, en bronze) qui ne devait guère dépasser 800 à 1000 bars, et tous deux se chargeaient avec un gros vide d'air.
* Pour le 120 Mle 1878 je précise "soigneusement fretté", car entre 1877 et 1878 on avait amélioré la méthode de calcul de résistance à l'éclatement. Le 155 Long Mle 1877 s'était alors avéré "un peu juste", on avait donc réduit sa charge maxi (initialement 9 kg) et on ne l'utilisait pas pour essayer de battre les records de portées.

Bonjour à tous.

Je reviens sur le cas de ma carabine, car j'ai des questions.

En particulier, quelqu'un pourrait-il me donner les dimensions de la chambre réduite : hauteur et diamètre.

Autre chose :

J'aurai besoin de trouver des cheminées de rechange.

À vous qui tirez à la 1851 : comment faites-vous pour les cheminées ? 

Merci, et à bientôt

St Etienne a écrit:Bonjour à tous.

Je reviens sur le cas de ma carabine, car j'ai des questions.

En particulier, quelqu'un pourrait-il me donner les dimensions de la chambre réduite : hauteur et diamètre.

Autre chose :

J'aurai besoin de trouver des cheminées de rechange.

À vous qui tirez à la 1851 : comment faites-vous pour les cheminées ? 

Merci, et à bientôt

Depuis ta première question concernant les cheminées, je me gratte la tête pour retrouver une adresse… purée, j’arrive pas me souvenir. En revanche, s’agissant de la taille, j’ai l’impression que c’est du standard…

Je n'ai pas ces dimensions. Quand j'avais déculassé je me suis borné au volume de 2g de pns 2.
Pour la cheminée la mienne est en bel état et je n'ai pas encore le besoin d'en chercher mais il est sur qu'une de réserve ne serait pas un mal.

Pour la chambre une photo cela peut toujours aider