Aide pour identifier un fusil à silex

Bonjour à tous,  j'ai recuperé ce fusil qui était dans un etat deplorable ( bois rugueux et gris, pieces de metal mangées par la rouille)  je lui ai fais une remis en forme en essayant de l'abimer et de le denaturer le moins possible. 

Maintenant j'aimerai en savoir plus sur ce model.   Un grand merci !!!!!

je pense que c'est un fusil "pou  pou "

Bonjour
A la vue des photos, j'ai des doutes sur la possibilite de tir avec cette arme. Un poupou, si rustique qu'il puisse être, pouvait tirer, tout aussi dangereux pour le tireur que pour la cible. Celui la est, à mon sens,  à vocation déco plus qu'autre chose. La batterie n'est pas hermétique, la machoire superieure tient ..... de maniere bizarre.

Quand j'ai eu le fusil toute la partie de mise à feu n'était qu'un bloc de rouille, donc il y a eu pas mal de perte de matieres à ce niveau. Mais je voulais surtout connaite un peu son histoire, les poinçon BV et BP sur le canon et P02-84 . Ca aurait était un fusil anglais mise à disposition des africains?

 
Pour mémoire:
- Le "Poupou": C'est un fusil de fabrication locale (africaine) qui peut intégrer des éléments d'importation ;souvent les platines;mais surtout des éléments disponibles immédiatement et souvent issus de domaines étrangers à l'armurerie (plomberie;automobile en particulier pour les canons) le système de mise à feu est variable de la cartouche de chasse classique avec un système de culasse inspiré de la serrurerie mais aussi avec des systèmes typiquement africains comme le chien tenant une allumette "au phosphore" (pas "de sureté") frottant sur une peau de gazelle rasée.
-Le "fusil de traite"fabriqué en Europe ;surtout à Liège; au début avec des éléments de fusils "réglos" à percussion;mais surtout à silex (parfois des premiers remis à silex puis plus tard ;jusque dans les années 1960 et les indépendances; avec des éléments fabriqués neufs et adaptés aux différents marchés "à l'économie"


Souvenirs: En 1982 j'avais dans mon groupe le fils d'un chef de village mauritanien ;très noir et vivant près du fleuve Sénégal; avec qui nous parlions chasse et auprès du quel j'avais acquis un grand prestige quand je lui avait confié que j'avais un Robust 12.
Je revois encore son regard extasié quand il m'avait répondu sur un ton presque religieux : "le Robust de la Manufacture Fançaise d'Armes et Cycles de St Etienne ?; C'est le fusil de mon Père (le Chef) ;moi j'ai le Simplex !"
Salut à toi SOUMARE ou que tu sois
Quand je lui avais posé la question au sujet des "Pou-Pou" il m'avait répondu ;à l'africaine donc j'abrège; "Y'en a chez moi....mais mon Père ne veut pas que j'en utilise et que "je me fasse sauter la gueule"....Donc Papa/Chef lui avait pris le "Simplex" qui permettait de garantir la sécurité...et le sens de la hierarchie de sa progéniture doté d'un 1 coup...et lui de deux
A noter que dans les ex-colonies françaises (AOF/AEF) il semble que les autorités coloniales favorisaient les fusils à cartouches (st Etienne) plus faciles à controler (selon eux)et bloquaient les fusils de traite ;il est vrai fabriqués à l'étranger; plus difficiles à controler mais c'était sans compter sur l'ingéniosité africaine largement sous-évaluée

Merci à tous pour toutes ces reponses!!  Prochaines photos ça sera un pistolet ^^

kimi2819 a écrit:Merci à tous pour toutes ces reponses!!  Prochaines photos ça sera un pistolet ^^

Attends c'est pas fini !  
Ton fusil étant donc identifié comme un "Fusil de Traite" (voir plus haut) on peut aller plus loin...
Si les photos et mon ignorance des platines à silex ne me permettent pas d'identifier une vieille platine réutilisée aux marquages éffacés par rapport à une plus récente réalisée "à l'économie" et simplifiée pour les fusils de traite; en revanche je note que les marquages du canon ;soit BV BP couronnés; sont ceux du B.E de Birmingham (respectivement épreuve d'inspection,et épreuve finale PN)......et qui semble être rentrés en service a/c de....1904

Quand y'en a plus y'en a encore!!!  C'est extra, un enorme merci pour tout ça.  Moi qui pensais que ce fusil avait ecumé les caraibes dans les mains d'un pirate.....  Il etait finalement au soleil d'Afrique, c'est bien aussi et maintenant il a une vraie histoire.

L'Afrique était la destination principale des fusils de traite mais pas que....
En fait c'était tout ce que l'on n'appelait pas encore le Tiers Monde. Ces fusils étaient simplement adaptés aux différents marchés;et aux gouts de la clientèle locale.
Par exemple pour l'Afrique les calibres étaient assez gros (12 et au dessus) pour s'attaquer aux grosses bébêtes. Parfois avec une sagaie enfilé dans le tube avec une corde reliée à un poids ;le chasseur se tenant dans un trou creusé sur une piste d'   ("parfumé" au crottin du même) et tirait dans la panse du pauvre animal à son passage.

En Amérique Latine en particulier en forêt amazonienne le calibre était beaucoup plus réduit et les crosses peinturlurées de couleurs vives ,je crois me souvenir qu'ils portaient un nom du genre Mahillon (?) avec parfois des marquages fantaisistes ;mais qui plaisaient tant aux clients comme "Lazarino Comminazzo" (Armurier de Brescia .....au XVII eme )
Tu as mesuré le calibre du tien ?

Les caractéristiques des fusils de traite pouvaient aussi varier selon le pays de départ (celui qui échangeait ces fusils contre des produits locaux ou des services rendus), et selon le gouvernement qui supervisait ça.
En général on ne payait les "sauvages" qu'en armes d'un niveau technique inférieur à celui des puissances colonisatrices (ce pourquoi le silex fut si longtemps produit **), et d'un calibre incompatible avec les munitions éventuellement prises à l'occupant.
On raconte que dans certaines contrées les fusils de traite étaient très longs parce qu'ils étaient échangés contre des piles de peaux d'une hauteur égale...

Ne pas confondre avec les armes distribuées aux colons, qui elles devaient plutôt être compatibles avec les munitions militaires afin de pouvoir au besoin lever des milices sans se préoccuper de leur armement. Peut-être aussi pour leur refiler à bon compte les armes réglementaires démodées et leur stock de munitions en voie de péremption...

** La platine à silex était cependant bien plus coûteuse à fabriquer que la platine à percussion. Mais dans les contrées reculées elle présentait l'avantage que les pierres faisant (plus ou moins bien) des étincelles, ça se trouve un peu partout ; alors qu'une fois la provision d'amorces épuisée (ou rongée par l'humidité), le fusil à percussion n'est plus qu'une hampe de bayonnette.
Certes on peut bidouiller avec un charbon ardent présenté au bout d'une pince, mais le temps de s'organiser le cochon a fini de brouter et il est parti trop loin...

A St-Malo j'ai vu des fusils de traite peints en rouge.