Le .45 Colt ( Long ) pour la Colt Burgess 1883 .

Petite carabine vraiment compacte , au mécanisme solide , fiable .  Je l'adore .
Et déjà un premier regret ; qu'elle n'ait pas été déclinée en version plus longue , calibre .40 et-ou .45 . J'aurais bien aimé un .40-60 , un .45-60 ou un .45-75 .
On connaît le deal passé entre Colt et Winchester : " - t'arrête de produire ta Burgess , nous on ne sort pas le premier révolver à barillet basculant ".
Ma réplique Uberti  ( chère ) a un canon octogonal . Ma retraite macronée ne me permettra pas d'acquérir un jour une authentique .

Le problème pour ces mécaniques Burgess ou Winchester 1873 - 1876 , c'est la longueur disponible de l'auget , qui est réduit .
Il faut dégotter une balle dont l'ogive va pénétrer dans la chambre sans s'y coincer , munie d'une gorge de sertissage haute , d'au moins une  gorge de graissage profonde pour accueillir un minimum de graisse PN .
Faute de gorge de sertissage on pourra toujours investir dans un outil Cannelure Tool ( chez Buffaloarms ) , modifié , qui imprimera une cannelure ( godron ) dans l'étui ; les cartouches d'époque étaient ainsi faites le plus souvent .

Il existe des moules spécifiques PN chez Rapine ou autre anciens fabricants US , mais chers et parfois introuvables .

Je me suis tourné vers ce que j'avais sur étagères , un Lyman 452 460 pour .45 ACP , balle de 200 grains .
Son faible poids donc sa petite hauteur d'ogive me laissera un peu de marge pour la PN .
Par chance Uberti n'a rien trouvé de mieux que sortir hors des clous un canon à .449 " Grooves Diameter ; une chance ce diamètre étroit , il me permet de calibrer - graisser à .451 " sans effort et presque sans déformation sur la balle .

Ensuite c'est du basique : sachant que je souhaite tirer au moins un plein magasin sans craindre le fouling , il me faut un ramollissement efficace . La petite gorge de graissage pour .45 ACP ne suffit pas , il faudra rajouter un Grease Cookie .
D'où , calculs faits :
- Amorce CCI 300 large pistol standard ( non magnum ) .
- 2,30 g ( 35 grains ) de Suisse n° 2 ( 3 Fg ) descendue au Drop Tube .
- une rondelle de 11 mm taillée dans un carton de lait , côté alu au contact du cul de la balle . Le puriste pourra rajouter une rondelle de papier entre cul de balle et rondelle alu . Ce que je fais mais uniquement en armes longues PN .
- compression à l'outil sur la rondelle , valeur 2-3 mm ; ne pas comprimer en utilisant la balle ; utiliser l'outil dédié Compression Die ou s'en faire un en partant d'un évaseur par exemple .

Une fois comprimée la charge est d'un seul bloc ; j'ai calculé qu'il me reste 2 mm au dessus pour placer le Grease Cookie ; c'est peu mais on verra au tir .
Sertissage Rool Crimp sévère , ça aidera à la combustion de la PN .

Bwââammm ! ça déménage . Un épais nuage de fumée blanche à cacher le soleil . A 50 m les gongs du TAR n'ont pas aimé .

Une remarque d'un tireur d'à côté quand il a su que c'était à PN , comme à l'époque : " Bin pourquoi dans les western on voit pas cette fumée ? " .

Nettoyage ? RAS , un coup de Ed's Red dans le canon et sur la cuvette de tir .
Le Fouling ? Modéré , à peine plus qu'après un tir en Ba 6 réputée crasseuse ( mais efficace ) .
Les étuis ? A peine noircis ; direction le bocal d'eau additionnée de vinaigre blanc ; j'enlève les amorces percutées avant ; ça laisse le canon refroidir , il est bouillant après 7 coups d'affilée .

Fâché avec la PN ?
- 0,48 g de A1 ( Excellent groupement )
- 0,65 g de Ba 9
- 0,64 g de A0 ou de 3N37
- 0,65 g de Ba 7-1/2
- 0,38 g de Ba 10
- 0,42 g de As
- 1,15 g de Ba 6 ( la Ba 6 -1/2 devrait faire idem )

Kapok pour tous .

Sensations en PSF ? Bof , c'est tristounet même si c'est précis .
PN , mon amour ...

C'est en effet un beau modèle, assorti d'une historiette amusante...mais de là à qualifier le mécanisme de "solide" il y a un pas que je ne franchirais pas ! J'ai eu l'occasion d'opérer sur celle(d'époque) d'un ami....il valait en effet mieux se cantonner dans des calibres "raisonnables" !!!

Solide par rapport à la genouillère de la 1873 .

deGuers a écrit:Solide par rapport à la genouillère de la 1873 .

Là, oui, c'est bien possible ...

Monsieur BURGESS a aussi travaillé pour la Whitney Cie 

Les genouillères, il est bien connu que ça vaut rien !
Ça n'encaisserait pas la moindre des cartouches de fusil sérieuse...

Quoique, la GP11 suisse c'est déjà assez sérieux, non ?
Donc c'est pas le principe général, qui craint ; ce sont les applications particulières.

Je ne suis pas totalement d'accord avec vous dans vos critiques envers ces armes "à genouillères" (je parle des LSG concernées ci-dessus).

Il parait que "la fonction cré l'organe".

Lorsque ces armes ont été conçues, les munitions étaient...ce qu'elles étaient (et on était loin, très loin des cartouches puissantes que vous évoquaient) et les armes en question ont parfaitement remplies le rôle pour lequel elles étaient étudiées et conçues, et utilisées.

La conception de cartouches plus puissantes a amené à la conception de mécanismes plus solides, et ces armes se sont adaptées grâce au génie des ingénieurs chargés de ces réalisations.

Une évolution toute naturelle, en somme.  

Pour utiliser des 1866 et 1873 de façon assez "intensive" parfois, et avec des "cadences" de tir probablement pas prévues pour (au CAS), je trouve que ces mécanismes sont finalement plutôt bien conçus et résistants.  

De ma part c'était du 2e degré ; j'ai donné des indications menant à un fusil mitrailleur suisse tirant la GP11, et pourtant verrouillé par genouillère.
J'aurais aussi pu parler de certaines mitrailleuses de la guerre de 14.

On donne à la genouillère la résistance qu'on veut, mais passé une certaine puissance le poids devient trop important pour une arme légère. En dessous de cette puissance le système n'est pas plus mauvais qu'un autre, et plus fluide que beaucoup...

Une variante pour du .45 Colt chargé à la poudre noire .
Je n'avais pas tiré suffisamment de cartouches pour m'assurer de l'efficacité du Grease Cookie , aussi :

- La balle : pour varier les plaisirs j'ai coulé une balle Lee 450-200 en plomb très mou ( 4 Saeco ) ; cette balle est prévue pour les révolvers Cap & Ball , elle est fortement conique .
Lee fait aussi une 452-200 RF qui irait bien pour toute carabine à LSG .
Passée au calibreur diamètre .451 " , je force modérément sur le levier de la presse et le Top Punch RCBS 600 va la déformer et lui faire prendre la totalité de sa future forme .
Elle sort cylindrique , le TP a modifié l'ogive ronde en ogive à méplat et a réduit la hauteur totale . Le méplat c'est rassurant quand les cartouches sont à la queue-leu-leu dans le magasin .
Sa gorge de graissage supérieure fera une bonne gorge de sertissage .

- L'étui : trou d'amorce ébavuré intérieurement pour faciliter l'introduction de le tige de désamorçage ; opération faite directement au pas de tir .
Amorce Large Pistol Standard placée au Ram Prime , gage d'un bon enfoncement et d'une amorce en retrait dans son logement ; sécurité - sécurité .

- La charge : 2 g de suisse n° 2 ; je n'utilise plus le Drop Tube car pour une si petite colonne de PN la compression à suivre est suffisante .
Une rondelle " lait " de 11 mm sur la charge .
Compression sur 2 mm ; si on n'a pas de Compression Die on peut fort bien utiliser l'évaseur du jeu d'outils , pour peu qu'il ait un nez plat ; c'est le cas chez RCBS .
Cette balle trapue me laisse un vide généreux sur la charge ; c'est voulu .
Sécurité et PN : j'utilise une doseuse Hornady spéciale PN ; réservoir en alu et rotor-boisseau en laiton .
Mais un banal étui cuivre monté en dosette fera l'affaire .

- Le Grease Cookie : il fait environ 3 mm . Graisse spéciale poudre noire bien sûr . ( * )( ** )

- Le sertissage : Roll crimp sévère dans la gorge de graissage supérieure .

- La cartouche : alimentation parfaite , pas de " plantage " à l'entrée de la chambre .
Il n'y a pas eu le moindre incident durant tous les essais .

- Le tir : ou plutôt les tirs car tous les copains ont voulu " y goûter " . Un gong TAR  suspendu à 25 m , tir et réarmé à l'épaule .
C'est plus doux que le rechargement précédent : 2 g au lieu de 2,30 g ; mais c'est toujours vivant à l'épaule .
Grande flamme à la bouche , escarbilles , grand panache blanc , sourire final de tous les tireurs .
Aucun n'a eu à forcer pour chambrer ses cartouches .

- Le Fouling ( crasses ) : rien dans la chambre qui est à peine sale ( par contre les étuis éjectés sont très gras , mais comme ils vont au bain ... ) .
Le canon est constellé d'une poussière de résidus sur 20 cm après la chambre . Elle est due sûrement à la finesse des grains de la suisse n° 2 ; en comparaison quand je tire de la Suisse N° 4 dans le .45-90 c'est plutôt des grumeaux que de la poussière .
Un seul passage du chiffon ( lingette pour bébé ) a suffit à libérer les rayures .
C'est encore gras , preuve de l'efficacité du Grease Cookie .

35 cartouches tirées sans emplombage . Ce qui confirme s'il en était besoin que ce n'est pas la dureté ( ou la mollesse ) de l'aloi qui provoque l'emplombage .
On en connaît les raisons : diamètre de balle trop étroit , graisse et vitesse mal adaptées .

Résultats concluants . A l'avenir il me faudra absolument tester du suif de mouton en lieu et place de mes cire d'abeille , végétaline ( Crisco US ) et huile d'olive .

( * ) Les recettes ne manquent pas ; en parts ou en % : 50 cire d'abeille / 40 Crisco / 10 lanoline .
10 cire d'abeille / 25 lanoline / 65 huile de pied de boeuf , etc .
( ** ) Les graisses PSF issues de la pétrochimie et l'Alox  ne conviennent pas en PN .

Selon P. Matthews tu pourrais encore gagner un peu en remplaçant ton disque de carton (inerte) par une mince rondelle de cire d'abeille pire (active). Un peu tiède, la cire s'écrase très bien à la presse.

Sinon, collecter le suif de mouton est assez facile (ça pue tout de même un peu, à la première fusion) ; l'huile de pied de boeuf ça paraît bien chiant (c'est décrit dans l'Instr. de 1884, il me semble). Mais le pire est sans doute de presser les olives...