2 Mauser Cone Hammer

Bonjour à tous,
En rangeant un lot de vieilles revues d’armes données il y a X temps par un client, deux enveloppes illustrées du bicentenaire de la révolution française ont glissé d’un vieux numéro de Cibles. Chacune avec un lot de photos stupéfiantes de deux (!) pistolets Mauser splendides notoirement connus sous le nom de Cone Hammer -même par moi qui ne suis pas fan d’armes de poing !
En examinant bien le premier lot (le plus important), une foule de détails -les photos sont remarquables pour ça- me sont apparus. Ayant eu en main récemment une carabine Mauser 1896 -que j’ai présentée ici- j’ai retrouvé une caractéristique commune : le bloc détente (il doit certainement y en avoir d’autres). Ce lot de photos concerne un Cone Hammer 6 coups au numéro de série inouï : 32 ! Et une arme dans un état de rêve   
J’ai noté des particularités, pour moi, pauvre mortel qui ne connaît que la variation de 1899, classique : le guidon sur queue d’aronde (donc dérivable), la hausse fixe, le marquage, la jonction tonnerre/canon, la poignée, la détente, la sûreté, la culasse, l’extracteur, le percuteur… bref, tout. Tout est différent et ce numéro de série si bas (32) peut expliquer tout ça.
Attention les yeux   
























Puis, il y a un autre Cone Hammer, probablement plus tardif que le précédent car plus conventionnel, avec hausse réglable et guidon fixe mais ce marquage inattendu (pour moi, béotien es-96) : SYSTEM MAUSER au tonnerre. Est-ce le marquage normal pour cette série primitive ? Je n’ai que 3 photos pour celui-là.





Je ne peux absolument rien dire de plus sur ces deux pistolets. Je ne les ai jamais eu en mains. Au vu des enveloppes contenant ces photos, elles datent au moins de 1989 (si on peut se fier à ce détail), elles ont, à l’évidence, été oubliées dans cette revue d’armes par son ancien propriétaire dont je ne me souviens plus du tout et de toutes façons, rien ne précise que le propriétaire des armes et celui de la revue étaient la même personne. Il n’y a aucune indication au verso des photos.
Le mystère est épais et bien parti pour durer…
Il m’a semblé intéressant de les publier car ces armes sont rares et une telle profusion de détails sur ce 96 primitif à 6 coups peuvent aider les amoureux du pistolet Mauser dans leurs recherches.

Bonjour Obaneck,

Merci pour ces belles photos de détail !

Le 6 coups est de la toute première série commerciale des C96 "Conehammer", ce marquage ne se trouve que sur les armes entre les n° 1 et 50, série dans laquelle la première moitié (environ, le n° 21 est répertorié) est dotée d'un chien à crête, et dans cette série, tous ne sont pas des 6 coups !

Le marquage "SYSTEM MAUSER" sur la chambre sera le suivant, sur les pistolets munis des premières hausses à rampe, et seulement jusque dans la série des 370, quand il sera remplacé par le marquage standard et bien connu ...

On a vraiment affaire à deux raretés de chez rareté !!! Le 6 coups est le premier que je vois avec un guidon dérivable, probable travail d'armurier, hors usine (ou commande spéciale ?).

Je m'empresse de copier les photos pour les mettre dans mon Erickson & Pate !

A+

Bonjour,
Exceptionnel !!!!
Deux précoces , peut-être récupéré à Oberndorf en 1945 , les 6 coups sont rarissimes et celui-ci fait parti des prototypes avec ce tonnerre particulier et ce type de plaquettes.
Le deuxième , la production commence, mais ça reste un très précoce avec ce marquage de chambre et l’usinage sans renforts vers la hausse.
Magnifique et rare!!!


(Mon message est arrivé en même temps que celui de Feder…)

Ayant déjà vu (dans l'un des premiers "Cibles") des "Mauser à 5 pattes" provenant du Musée d'oberndorf pillé par les Français en avril 1945, j'ai aussi, mais après coup, pensé à cette origine ...

Dommage que le n° du second ne soit pas visible, cela aurait pu confirmer la chose ...

... j'ai possédé (jusqu'en 2004 ...  ) deux "Mauser à 5 pattes" ... l'exemplaire de présentation au gouvernement chilien de la carabine Modèle 1935 des "Carabineros", emprunté comme tant d'autres au musée par les mains crochues d'un soldat de la 1ère DB, et un prototype de carabine .22 LR de tir Mod. 37 Walter Gehmann du même tonneau ...
 

A+

Bonsoir,
J’ai pu voir le 482 , qui n’avait plus le marquage « System Mauser » sur la chambre , mais avait encore les usinages précoces glissière/carcasse . Cet exemplaire était mint et complet avec sa crosse la numérotation sur celle-ci est d’ailleurs sur la partie supérieure de la charnière.

Merci de vos commentaires qui me font bien plaisir 
Calés comme vous l’êtes, vous me direz certainement la signification de la lettre C dans l’appellation : pistolet Mauser C 96. Pour le petit HSC, le C indiqué la 3° mouture du modèle HS. En est-il de même pour le 96 ?
Certes, on peut survivre sans savoir ça mais la question me titille depuis un bon moment et mes lectures ne m’ont apporté de réponse… Le drame du généraliste que je suis 

Le "C" est tout bonnement mis pour "Construktion", à une époque où on trouvait fréquemment un "C" à la place du "K" dans les mots allemands d'origine étrangère.

Donc "Construktion", appellation neutre et n'attirant pas l'attention, il ne faut pas oublier que ce pistolet a été conçu pratiquement "en douce" par les frères Feder Feederle avant que Paul Mauser, bon prince et mis devant le fait accompli, n'autorise la réalisation d'un prototype, prêt au tir en mars 1895, et breveté à la fin de l'année ...
La production ayant débuté en 1896, une de ses désignations fut "C 96", mais il est communément appelé "Modell 1896". En général, on utilise "C 96" parce que c'est plus vite dit et écrit ...

Après, il y a les Collectionneurs, qui trouvèrent des désignations à eux pour différencier les variantes, mais c'est une autre histoire !

Il peut arriver que Marcel, s'il en trouve un, dise à Ginette "j'ai trouvé un revolver lugeaire avec le chargeur devant" ...  ... ne riez pas : on me l'a dit un jour (et pourtant je ne m'appelle pas Ginette) !

A+

…et voilà comment se fait la culture : par petits apports, chaque jour, dans tous les domaines ! 
Merci Feder-le (), de cette réponse aussi rapide qu’instructive et que je ne suis pas près d’oublier. 
Il est vrai que le pêtage de câble de Monsieur Paul apprenant que les frères Feederle lui avaient préparé une surprise se trouve dans toute la littérature, spécialisée s’entend…
 Ce pistolet apprécié par tout le monde et choisi par personne m’évoque l’US-17 qui a suivi la même trajectoire : jamais réglementaire nulle part et pourtant à la renommée si justifiée. Une curiosité.

 
JE DIS ça pour suivre
je suis bien incapable d'apporter ma pierre à l'édifice du C96 qui est pourtant mon coup premier dans notre passion
en plus, là, j'ai les yeux qui saignent...........

Les C96 de pré-série ou simplement précoces sont pratiquement tous légèrement différents. C'est un sujet passionnant et là, obaneck fait très fort. Il nous en sort deux d'un coup. Merci obaneck pour cette présentation qui fait rêver.

Ah les C96 ...

J'en ai eu une bonne dizaine ... les 3 derniers m'ont été enlevés en 2004, comme vous savez ...

Au fil des années, durant ma joyeuse période "black collection" (qui a duré de 1968 à 2004, quand même, avec néanmoins quelques péripéties en 75 et 79 ...), j'ai rentré et sorti diverses variantes ... j'ai revendu tous les "courts" (bolos et raccourcis Versailles) et quelques autres (dont un 9mm, pas assez beau pour moi), pour n'en garder que 3 dans le calibre original :
- un "Early Small Hammer" de 1903/1904, # 34897, qui reste encore à ce jour, il me semble, le n° se rapprochant le plus de la transition avec le type précédent (Large Ring Hammer).
- un "Standard Prewar Commercial" # 80555, que j'utilisais au tir
- un "Modell 712", dit Schnellfeuer, également utilisé au tir, mais pas dans n'importe quel stand ...

Possédant alors un TT33 en 1ère Cat., je n'avais pas de problème de munitions (je recharge ce calibre).

Je m'estime aujourd'hui trop âgé pour en reprendre un en B, n'ayant personne à qui le transmettre ...
... je vis sur mes souvenirs ... ne m'en veuillez pas trop si je les étale, c'est tout ce qu'il me reste (avec ma doc !)

A+

Les souvenirs des uns sont bien souvent les enrichissements des autres 

Bravo T-Bone !  C’est bien dit !
 
Par mon métier, j’ai eu quatre 712 en même temps avec chargeurs 20 coups, bien sûr (sinon ce n’est pas rigolo). Ils étaient tous du contrat chinois avec les 3 idéogrammes sur le côté gauche du couloir de chargeur (traduction de Made in Germany). C’était avant le grand chambardement de 95. Je me suis bien amusé avec !
À ce moment-là, pour trouver des étuis de 7,63, c’était la galère, aussi je bricolais des étuis de tir à blanc de 5,56. Bien sûr, leur durée de vie était brève mais la disponibilité quasi-inépuisable et leur couleur les rendait facilement ramassables 
O tempora, o mores…

Tbone a écrit:Les souvenirs des uns sont bien souvent les enrichissements des autres 

obaneck a écrit:Par mon métier, j’ai eu quatre 712 en même temps avec chargeurs 20 coups, bien sûr (sinon ce n’est pas rigolo). Ils étaient tous du contrat chinois avec les 3 idéogrammes sur le côté gauche du couloir de chargeur (traduction de Made in Germany). C’était avant le grand chambardement de 95. Je me suis bien amusé avec !

Quatre ? Peste ! Je pense que j'aurais fait des photos genre "tonton Cristobal" ... un dans chaque main, deux dans la ceinture, pour le fun !

Le mien, un vrai Mauser, avait été saisi par un garde-chasse réquisitionné en 1939 pour aider les gabelous à contrôler et désarmer les Républicains espagnols franchissant la frontière pour fuir les troupes de Franco après la défaite. L'arme lui avait plu et il l'avait escamotée, avec son étui, 1 chargeur à 10 coups et 3 chargeurs à 20 ... L'homme avait très proprement effacé le n° de série sur la glissière ... tout en laissant les n° secondaires en place ! Il me l'a échangé contre une carabine de chasse BAR en .300 W.M. dont je n'avais pas l'utilité ...

Au tir, j'ai pu constater l'effarante cadence de tir en rafales ... 2 ou 3 effleurements de détente = chargeur vide !
J'ai eu, venant également d'Espagne républicaine, un Star Modèle MD, calibre .45 ACP. Celui-ci possédait un ralentisseur de cadence qui ramenait celle-ci à 300 cps/mn, ce qui est plus raisonnable. Malheureusement, je n'avais pas l'étui-crosse et seulement 3 chargeurs à 7 coups, un peu juste pour faire des "funneries" (mais j'en ai fait quand même ...  ) 
Ne possédant pas (en 1972) autant de doc qu'aujourd'hui, je ne pouvais pas savoir que les Star MD d'avant la Guerre civile n'avaient été fabriqués qu'à 361 exemplaires entre 1934 et 1936, ce qui fait qu'il est parti à l'échange ... Un "résistant" me l'a échangé contre un Thompson M1A1 0 km, encore dans son papier huilé, PM avec lequel il avait bien entendu stoppé l'avance d'une division SS et capturé leur Général ...  ... J'ai sans doute été perdant sur ce coup-là ... J'espère que le bonhomme, sans doute sous terre de nos jours, a pu transmettre cette arme à un amateur éclairé ... et pas à un douanier ...



A+

Voyons, Feder, même écrit en tout petit, je l’ai vu : pas à un douanier ! ! Ah, les bandes rouges te donnent des réactions épidermiques fulgurantes  (et encore, je me suis modéré dans mon nombre de diables rouges !).
L’histoire de ton Schnellfeuer méritait d’être contée. Je crois que seules les armes peuvent avoir des trajectoires aussi étonnantes ! Mes 712 étaient de vrais Mauser, pur jus. Je me souviendrai toujours de ma visite chez le marchand d’armes où je les ai acquis. Un vrai disciple d’Henry de Montfreid… J’entre dans la boutique d’un antiquaire marchand de lanternes et je demande pour les armes. Naturellement, je lui exhibe mes sacrements ministériels (j’ai eu l’occasion de constater quelques fois la puissance de ce document ) et nous pénétrons dans l’arrière-boutique, petit entrepôt mais qui aurait rendu fou complet n’importe quel membre de ce forum 
Il me montre une caisse de la taille d’un cercueil, lève le couvercle et me dit de faire mon choix pendant que lui vaque à d’autres occupations. La caisse était pleine ras-bord d’armes de poing militaires en vrac. J’avais prévu le coup, ayant en mains chiffons, nécessaire de nettoyage et loupe. J’ai négligé, bien sûr, la quincaillerie chinoise ou du style Khyber Pass pour me concentrer sur les fabrications sérieuses. Au bout d’une heure, j’avais sélectionné ces 4 pistolets après avoir fourbi une bonne vingtaine de Schnellfeuers crasseux, les mains et bras maculés de vieille graisse . Je suis retourné voir le gars avec mon petit marché, armes, étuis-crosse et chargeurs. J’ai payé et retour à mon armurerie.
Là, les copains me sont sautés dessus car chacun voulait le sien. J’ai réussi à m’en garder un avec lequel j’ai tiré sans mettre souvent le Westinger sur la position semi-automatique  Vu que je faisais mes cartouches avec une charge assez douce (0,30 de Ba10/projectile 85 grs/étuis 5,56 retaillés -volume de chambre plus faible), j’obtenais des rafales maîtrisables et des tirs convenables. Un jour j’ai eu, enfin, une boîte de Fiocchi et là, la cadence de tir n’avait plus rien à voir !
 À la même époque je tirais aussi avec un Beretta #93R avec lequel je me suis éclaté comme pas possible : ce pistolet est une véritable réussite. Avec sa crosse d’épaulement et la prise de main faible, pouce dans le pontet, je mettais mes rafales de 3 dans une carte à jouer. 
Les pistolets conventionnels me semblent un peu ternes…

Le récit fantasmé de ton résistant n’est pas isolé car j’ai entendu les mêmes fadaises un paquet de fois avec le colonel nazi en grande tenue et au garde-à-vous qui remet son pistolet (dans son coffret !) en signe de reddition au déguenillé de 20 ans qu’était le gars à ce moment. Je crois que les gens n’ont pas conscience de ce qu’ils disent… Cette génération se trouve maintenant au Boulevard des Allongés mais il y a toujours des zozos pour me raconter des histoires totalement invraisemblables avec un aplomb qui me sidère. Mais ça, c’est une autre histoire…

J’ai eu un étui-crosse de Star #M mais pas le pistolet qui allait dedans, snif, snif 

vraiment un "Early Cone Hammer" à 6 coups unique Le "SYSTEM MAUSER" sur la chambre des tout premiers Mauser !!! un vrai 1896 !! un Mauser 1896 très rare (et en bel état)... merci de l'avoir publié!