MG11 (dite mitrailleuse Maxim)

Un peu éclectique... Après vous avoir récemment présenté un pistolet de cavalerie 1842, on fait un petit saut de 70 ans en avant. On oublie le bois, les garnitures de laiton flamboyant, la poudre noire... et le monocoup...

Et on entre dans l'ère de du tir industriel et automatique




La MG11, Maschinengewehr 11 (ou mitrailleuse 11), est une mitrailleuse de fabrication suisse pour l’essentiel introduite dès avant la première guerre mondiale. Près de 11'000 pièces ont été en dotation (le chiffre précis ne m’est pas connu) et certaines sont restées affectées comme armes de forteresse jusque dans les années 80, notamment dans les forteresses du Valais sur le passage obligé de St.-Maurice et dans le secteur Grand-St-Bernard !

Celle que j’ai eu le bonheur d’acquérir il y a quelques semaines porte le numéro 10'097 et fait donc sans doute partie des dernières produites.

J’ajoute d’emblée que cette arme est parfaitement fonctionnelle et que je suis au bénéfice des autorisations ad hoc. Notons au passage que la MG11 ne peut tirer qu’en rafale, le tir au coup par coup n’était pas prévu. Les munitions qui apparaîtront en photo sont des munitions inertes de manipulation. La platine a été replacée dans l'arme pour les seuls besoins photographiques mais est tenue fermée en lieu sûr dans un autre endroit que l'arme elle-même.

Avant la MG11 en Suisse

Pour une fois, la Suisse avait fait œuvre de pionnière en s’équipant très tôt de ses première mitrailleuses puisqu’elle en acquit déjà 72 ( !) entre 1891 et 1894. Le premier modèle fut la MG94, qui avait été fabriquée par Maxim et Nordenfelt à Londres, puis par la DWM à Berlin ; cette MG94 est d’ailleurs restée en dotation jusqu’à la 2^ème guerre mondiale dans les forteresses helvétiques. Après la MG94, la Suisse acquit la MG00 (Vickers et Maxim). Ces deux modèles tiraient la GP90 et furent rétrofitées plus tard pour la MG11. Certains modèles 94 furent même montés sur des avions.

La MG11

La MG11 ressemble fort à sa cousine germaine - c'est le cas de le dire - la MG08 tristement célèbre pour son efficacité sur les champs de bataille de la 1ère guerre mondiale; cousines et non pas identiques.

La MG11 reprend le concept développé par Hiram Maxim en 1885. Les premiers modèles ont été livrés par la DWM, puis les besoins de guerre obligeant, c’est la Waffenfabrik de Berne qui continua la production pour la Suisse à partir de 1915 ; la WF en fabriqua d’ailleurs 10'269 exemplaires pour l'armée suisse, mais également 2'000 exemplaires pour… la Perse.

L’arme a été introduite dans presque toutes les troupes : infanterie, cavalerie, cyclistes, chars, aviation et forteresses. Elle n’est engagée que sur un trépied (pas de tir à la hanche), principalement contre des buts dits « mous » jusqu’à 2’600m de distance ; elle dispose aussi d’un trépied pour le tir DCA, jusque durant la 2ème guerre mondiale.

Pendant les près de 70 années d’engagement, l’arme a subi quelques menus adaptations :

Suppression du siège pour le tireur;
Les bandes de cartouches en chanvre sont remplacées par des bandes métalliques;
... ce qui entraîna une modification de l'appareil pourvoyeur;
Ajout d'un cache-flamme;
Ajout d'une bande de peinture blanche sur le réservoir d'eau pour faciliter la mise en direction;
Ajout d'un système pour épauler.


 


Fonctionnement

Comme le dit le Règlement 53.123, chiffre 1: la mitrailleuse lourde modèle 1911 est une arme automatique à refroidissement par liquide (eau) et utilisant pour son fonctionnement le recul du canon. Elle peut tirer théoriquement 500cps/min en utilisant des bandes de chanvre ou métalliques de 250 GP11.

Caractéristiques

Longueur totale : 1100mm
Longueur du canon : 750mm
Poids de l’arme avec l’eau : 22,7kg
Poids de l’affût : 28kg
Calibre : 7,5mm, GP11
Cadence théorique : 500cps/min (sachant qu'une bande de munition compte 250 coups, un rechargement est nécessaire toutes les 30'' de feu)
Vitesse initiale du projectile : 800m/s

Le démontage se révèle d’une grande simplicité, tout comme l’arme elle-même en fait. Simple, robuste, deux qualités pour une arme de guerre.

Ses parties principales sont:
Le châssis
Le corps du milieu
Le manchon
Le ressort de rappel
L'appareil de recul
L'appareil pourvoyeur
La platine


(à suivre)

L'arme dispose de deux système de visée:

Une lunette



Une hausse graduée jusqu'à 2600m avec guidon



Sur le manchon, on voit la bande de peinture blanche pour faciliter la mise en direction.

Pour ouvrir le capot du châssis, très simple, on appuie sur un cliquet:




Une fois le capot ouvert, la platine apparaît (le B indique la platine Nr 2, la Nr 1 portant la lettre A)




Devant la platine, l'appareil pourvoyeur





L'appareil pourvoyeur sorti du châssis




Il faut ensuite retirer le ressort de rappel, qui se cache derrière ce capot, sur le flanc gauche de l'arme; il suffit de tirer un petit coup le capot sur la gauche pour le désencliquer




Le ressort de rappel, relié à l'arrière à l'appareil de rappel... on désenclique (encore) et il se sépare





Une goupille plus tard, le châssis est ouvert et on sort l'appareil de rappel, encore solidaire au canon






Maintenant que tout est ouvert, on voit, en haut, le logement du canon dans le manchon, et en-dessous, le tube d'éjection. C'est par ce tube que les douilles sont éjectées vers l'avant et en-dessous de l'arme

Fonctionnement. Pour comprendre, il faut comprendre cette image: la platine fonctionne comme un ascenceur: en-haut, elle attrape la cartouche amenée par l'appareil pourvoyeur, encore fixée dans la bande. Un premier mouvement de chargeur permettra à la cartouche d'être attrapée par la platine. Le deuxième mouvement de charge fera descendre la première cartouche d'un étage sur la platine qui pourra l'introduire dans le canon pendant que la cartouche suivante est saisie de l'appreil pourvoyeur.

Lors du tir, la platine sort la cartouche tirée, la fait descendre un étage plus bas pour l'envoyer dans le tube d'éjection. D'où cette image d'une platine qui saisit 3 cartouche, de haut en bas:
Celle qui est sortie de la bande et sera introduite dans la chambre à cartouche/canon
Celle qui est sortie de la chambre et ser introduite dans le tube d'éjection
Celle qui va être éjectée




On voit le canon, et en bas le tube d'éjection




Là, j'ai introduit une cartouche dans le canon et une dans le tube d'éjection




Pareil, mais avec la platine à droite




Itou, celle du haut qui va entrer dans le canon, celle du bas qui va entrer dans le tube d'éjection




J'ai remis l'appareil pourvoyeur à sa place: on voit en haut la cartouche encore dans la bande et qui est la prochaine à passer au grill..., celle d'en-dessous qui va entrer dans le canon, et la troisième qui va être éjectée




Et l'éjection en avant et dessous

Waouh superbe pièce Thierry et superbe post pour cette MG11

Encore quelques images en vrac:

Sur le dessus du réservoir... forcément, un bouchon, pour fermer le réservoir plein. On voit aussi la bande de peinture pour la mise en direction




Sous le réservoir, un trou de sortie pour vider l'eau





La détente: on pousse cette détente tout en tirant en arrière la plaque qui se trouve juste devant et qui équivaut à une sécurité. On ne peut pas pousser en avant la détente si on ne tire pas en même temps celui de devant en arrière




Pas de place perdue: dans les poignées en bois, une cavité pour y glisser un pinceau, des deux côtés










La lunette




Le tuyau d'origine et quelques munitions de manip





La réserve d'eau et une boîte de munition avec bande




La caisse d'artisan de troupe



Deux pièces de platine complémentaires




Outils de nettoyage et de démontage ad hoc, ainsi que de multiples pièces de rechange






Finalement le seul truc dangereux: cette pelote.... qui est une pelote d'amiante. Il faut confectionner des joints d'amiante à disposer entre le canon et le réservoir d'eau pour éviter que l'eau sorte de partout. A manipuler avec beaucoup de prudence et de précautions.

Tir ?
Et oui, prévu pour cet été, mais cera plus compliqué que de l'acquérir: il est interdit de tirer aux armes automatiques et il me faudra obtenir diverses autorisations que je vais m'efforcer d'aller chercher. Ce serait dommage de ne pas faire fonctionner cette vieille dame une fois

Ceux qui aimeraient d'autres photos, c'est très volontiers que je vous en faits.
Je mesure la chance que j'ai de posséder cette pièce et c'est avec plaisir que je partage autant que possible

Thierry, tu n'es pas raisonnable...

Faut bien que nos montagnes servent à quelque chose

Superbe ! Rien à dire d'autre....   Je suis sur le C..
Il ne te reste plus qu'a chercher un bel attelage d'époque pour te rendre au stand...  Devant la maréchaussée médusée ! 

Salut,

J'en avais "un peu" entendu parler mais je n'ai pas encore vu cette noble vieille dame... Non seulement la présentation est irréprochable, mais les accessoires dis donc!

Bon, il reste quand même LA question que se posent 98% des intervenants de ce distingué forum. A savoir: "si je ramène un truc comme ça à la maison et que je le mets dans le salon, bonbonne divorce ou elle me tue seulement?"

Amitiés,
A+,
le Jef-faut-au-moins-un-avocat-pour-négocier!

Grand Merci a toi Baccardi
pour se superbe post
qui a bien eclairer ma lanterne 

ps:monter l optique de la mg 11 sur un fass 57,
 c est cool ou c est le bucher en Suissie 

manitou a écrit:Grand Merci a toi Baccardi
pour se superbe post
qui a bien eclairer ma lanterne 

ps:monter l optique de la mg 11 sur un fass 57,
 c est cool ou c est le bucher en Suissie 

Merci !

Montre-nous ton fass... je trouve l'idée assez cool

https://www.tircollection.com/t2794-ce-que-ce-quoi-donc-ca?highlight=c+est+quoi+donc


c etait ici 

Thierry je t'avais déjà félicité pour cette acquisition mais je fais de même pour la présentation que tu nous en as fait : historique , description en détail et photos , tout est là pour régaler l'amateur d'armes réglementaires que je suis .

Armement comme l'allemande mg08 ? : manœuvrer deux fois le levier ?

Magnifique.

La Suisse a t-elle équipée en son époque un quelconque véhicule terrestre avec ?

Nicomidway a écrit:Magnifique.

La Suisse a t-elle équipée en son époque un quelconque véhicule terrestre avec ?

C'est pour Bientôt : La Jeep de Baccardi...   Mise en place prévue Vendredi prochain !

lu1900 a écrit:Armement comme l'allemande mg08 ? : manœuvrer deux fois le levier ?

Oui, deux fois !

Nicomidway a écrit:Magnifique.

La Suisse a t-elle équipée en son époque un quelconque véhicule terrestre avec ?

Question-réponse... mais ce ne furent que des chars (Vikers) d'essai, qui n'ont jamais été affectés à la troupe. La Suisse jugeait que l'arme blindée n'était destinée qu'aux armées offensives. Le choix politique avait été fait de ne pas acheter de char et de conserver... la cavalerie... même à la veille de la 2ème GM.

même millésime (et modèle) pour la Belge

 

incroyable de voir cette machine , magnifique , un etat de conservation superbe , ha oui il faut que tu te debrouille pour la faire fonctionner , çà va être grand et puis une video avec !

j'ai pas tout compris le fonctionnement malgrés les bonnes explications , mais c'est pas grave , merci de nous faire partager un tel engin en état.

très belles photos ,  félicitation pour cette cette acquisition.

Merci pour cet article de haut niveau.
Franchement je suis bouche bée !

Baccardi a écrit:...La Suisse jugeait que l'arme blindée n'était destinée qu'aux armées offensives. Le choix politique avait été fait de ne pas acheter de char et de conserver... la cavalerie... même à la veille de la 2ème GM. ...

N'ont-ils pas estimé que, hormis quelques plaines plutôt exposées à l'aviation, le relief Suisse était un peu "casse gueule" pour des chars, dont la possibilité de manoeuvre se limitait à d'étroits couloirs entre torrent et voie de chemin de fer ? C'est pas vraiment la puzta des pays de l'Est...
Alors que la cavalerie passe presque partout, et qu'un bourricot tient automatiquement debout, ce qui n'est pas toujours le cas d'une citerne chenillée.